« Un New Deal mondial, dont l’impact s’étendra des villages d’Afrique à la réforme des institutions financières », promet le Premier ministre britannique Gordon Brown, l’hôte et l’organisateur du sommet de Londres du G 20. Une capitale qui accueillera aussi la première visite du président Obama en Europe.
Le seul pays du continent présent en tant que membre sera l’Afrique du sud. L’Ethiopie, qui dirige le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), sera aussi présente, en tant qu’invitée. Peut-être ce sommet sera-t-il, pour eux, l’occasion de présenter aux puissants de ce monde en crise leur plan de relance. En effet, tous les pays émergents du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) ont leur lecture de la récession actuelle et une vision de l’avenir, de leur futur. Mais qu’en est-il en Afrique ?
On ne voit, jusqu’à ce jour, émerger aucune proposition africaine majeur de relance. Comme si le silence et l’absence dans la crise économique exceptionnelle et sans précédent depuis la Grande Dépression de 1929 était la seule posture possible.
Tout se passe comme si la crise mondiale n’était pas planétaire. Alors qu’elle a et aura des effets aussi dévastateurs que ravageurs pour les populations africaines. On est pourtant dans une crise systémique et durable. Aux conséquences incalculables. Le président de la fédération des syndicats britanniques Trades Union, Brendan Barber, le rappelait à juste titre : « la crise financière est en train de devenir une crise de développement, et risque de se transformer en crise humanitaire. Nous voulons que les leaders du monde pensent d’abord à l’impact sur les pauvres ».
Certes, le FMI – sous la houlette d’un des chantres (à juste titre et avec Raison) de la régulation financière internationale, d’une certaine gouvernance économique mondiale, Dominique Strauss-Kahn – a promis 25 milliards de dollars pour éviter « un cataclysme » aux 22 Etats les plus vulnérables du continent. La faute au FMI, c’est fini? Le temps des slogans aussi.
Mais, il y a les faits. Avec la récession, Il y aura une baisse mécanique de l’investissement direct. On pourra de moins en moins compter sur les investisseurs étrangers pour se développer. De même, la contraction de l’économie mondiale entraînera une réduction des débouchés pour les « fameuses » matières premières si chères à certains. Leurs prix baisseront. Cela entraînera une perte de recettes pour les pays et de leur budget national. La spirale de la violence n’est pas loin. Des guerres dites civiles à l’horizon. Jacques Attali annonce d’ores et déjà les risques d’une « Somalie planétaire ».
« L’Aide pour l’Aide n’existe pas »
Le pire n’est jamais sûr. D’ores et déjà, la chute de l’investissement privé étranger se cumule avec la baisse de l’aide publique au développement (APD). Avec la crise mondiale, le financement de la lutte contre les pandémies (le paludisme, le Sida, la malaria, ou la tuberculose) est
menacé. Malgré les 119,8 milliards de dollars octroyés, un record selon le dernier rapport de l’OCDE sur l’aide publique au développement des pays riches, ces derniers consacrent une moindre part de leur PIB aux pays pauvres. A ceci s’ajoute la raréfaction internationale du crédit. Emprunter est devenu difficile, même pour les Etats dits sûrs du Nord. La crise bancaire mondiale est passée par là. La confiance est morte.
Dans cette nuit économique, il y a une voix africaine qui s’est élevée, celle de la Zambienne Dambisa Moyo, diplômée d’Oxford et de la Kennedy Public School de Harvard, ancienne de la Banque mondiale, cadre supérieur de cette prestigieuse institution financière qu’est la Goldman Sachs. Dans un livre rafraîchissant intitulé Dead Aid (L’Aide est morte) publié aux
Editions Penguin, rappelle quelques évidences : « il faudrait que l’Afrique puisse profiter de la crise actuelle pour inventer son développement, et ne pas rester à attendre et à espérer un hypothétique sauvetage de son économie par les puissances mondiales qui, elles-mêmes, cherchent à se sauver ». Et d’asséner: « aucun pays au monde ne s’est développé avec l’aide uniquement ». Elle conclut « l’aide pour l’aide n’existe pas ». Propos à méditer avant, pendant et après le G20 de Londres?
Bolya Baenga, est un écrivain congolais. Ses derniers ouvrages parus sont «Afrique, le Maillon Faible » (2002) et « La Profanation des vagins (2005) aux Editions Le Serpent
à plume.