Quelques 200 tonnes d’un produit chimique dangereux sont stockées sur le port de Djibouti dans des conteneurs en plastique qui fuient… La FAO annonce une catastrophe écologique, les autorités portuaires démentent. Pourtant, des experts des Nations Unies sont déjà sur place.
Le port de Djibouti serait menacé par une catastrophe écologique. C’est ce qui ressort d’un rapport alarmant de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). En effet, une cargaison de quelques 200 tonnes d’arséniate de cuivre chromaté (un produit chimique utilisé dans le traitement du bois et des poteaux télégraphiques) est arrivée de Grande-Bretagne fin janvier, à destination de l’Ethiopie, pour la firme Ethiopian Power Corporation. Cette cargaison, qui commençait à fuir sur la bateau, a été interceptée et stockée dans cinq camions sur le port de Djibouti. Non sans risques.
L’arséniate de cuivre chromaté est un produit cancérigène et fortement toxique. Il aurait des effets dévastateurs sur les ressources halieutiques s’il venait à se déverser dans la mer et s’il pleut dans les prochains jours, cela risque de se produire, a alerté la FAO. De plus, les ouvriers sur place ont manipulé la substance sans prendre suffisamment de précautions et ont été exposés à des émanations toxiques. Certaines personnes se trouveraient à l’hôpital, selon les informations de l’agence de presse des Nations Unies (Irin). L’emplacement actuel des véhicules est souillé, comme le montrent les photos de la FAO et se trouve à 400 mètres d’un dépôt d’aide alimentaire. Aux dix conteneurs interceptés en janvier sont venus s’en ajouter cinq autres la semaine dernière.
Mise en quarantaine
Au port, on dément catégoriquement. » Il n’y a pas de produits toxiques entreposés, il n’y a rien, tout le monde est en bonne santé. Ce sont de mauvaises rumeurs : il n’y a aucune menace « , répète un employé. Pourtant le rapporteur de la FAO souligne que » des chiens sont morts et que des personnes se sentent malades « . S’il n’y a pour l’instant pas de danger pour l’ensemble du port, la zone à risque devrait, selon la FAO, être mise en quarantaine et surveillée par des gardes pour en barrer l’entrée.
La substance chimique a été transportée dans des conteneurs en plastique alors que ce sont des conteneurs en acier qu’il faut utiliser pour éviter tout risque de fuite. » Le gouvernement de Djibouti ne doit pas être laissé seul face à ce problème « , souligne la FAO qui en appelle à l’aide internationale. Les conteneurs doivent être ouverts par un spécialiste équipé, les pesticides ne peuvent en aucun cas être envoyés en Ethiopie sans être remballés. Pour le moment, les Nations Unies ont dépêché sur place une équipe spécialisée dans la décontamination et un expert suisse est en route. Il faudra compter 35 000 dollars US pour l’intervention d’urgence et au moins 80 000 dollars pour le remballage et la décontamination des conteneurs.