Difficile de faire des shows d’envergures au Burkina Faso où le public n’est pas très communicatif face aux artistes qui essayent de leur donner de la joie sur scène. Ces derniers ont beau usé de tout leur charme pour le faire rire ou danser. Sans succès. Le public reste de marbre. Pourquoi une telle froideur ? Eléments de réponse.
Le public burkinabè est comme mort ! Même si les artistes menaçaient de se mettre nus sur scène, il resterait de marbre, disent certains au Burkina Faso. Contrairement à ses pays voisins, le public du pays des hommes intègres n’est pas du genre à se trémousser lors d’un spectacle ou encore à exprimer sa joie face aux artistes. Selon Fabrice Soma, universitaire burkinabè, « la plupart des musiciens appréciés au Burkina Faso sont ceux qui chantent la morale et non les mondanités ou futilités. Pour être sÜr que leur musique est bonne, certains n’hésitent pas à se confronter au public burkinabè qu’ils savent très exigent. Si ce dernier se met à danser après la diffusion de leur musique, c’est que vraiment ils ont produit un travail de qualité ».
Un avis partagé par la chanteuse burkinabè Feenose. « J’ai l’impression que les Burkinabè n’aiment pas les gens qui se prennent la tête. C’est à dire ceux qui se la jouent star, même quand ce sont des stars. Donc du coup, il met la barre vraiment très haute. Et pour avoir ses applaudissements, soit l’artiste en question a de la chance, soit il a réussit à faire passer quelque chose de vraiment fort. Sinon, il ne faut pas s’attendre à ce que le public exprime sa joie. » Pis, selon elle, « il est d’autant plus difficile lors des soirées de gala car il est comme mort ! »
« Le Burkinabè ne pense pas à s’amuser mais être propriétaire d’une maison »
Au Burkina Faso, « les artistes doivent constamment prouver qu’ils vaillent le coup qu’on se déplace pour aller les voir sur scène. Le Burkinabè en effet ne sort pas comme ça pour aller voir un concert même lorsque celui-ci est gratuit », déplore Féenose.
Comment expliquer cette attitude du public burkinabè qui en décourage plus d’un ? « L’éducation qui influe sur la mentalité des burkinabè y serait pour beaucoup », d’après Fabrice Soma. Les Burkinabè ne sont pas connus pour être des fêtards. Par exemple, « lors d’un spectacle, si une personne dans le public se lève pour se mettre à danser, elle risque d’être stigmatisée. Souvent la honte d’être pointé du doigt contraint donc certains à ne pas exprimer leurs émotions lors d’un concert », explique l’universitaire. D’autant que, « ce n’est pas non plus un public habitué à la danse où encore à aduler des artistes renommés. Il y en a d’ailleurs très peu dans le pays », ajoute-t-il.
Même les boîtes de nuits dans le pays sont peu fréquentées en comparaison aux autres pays du continent, note Fabrice Soma. « Préoccupé par le fait d’être propriétaire de sa maison dès son plus jeune âge, le Burkinabè ne pense pas à s’amuser. Ici, il n’est pas rare de voir des jeunes âgés d’à peine 20 ans être propriétaire de leur maison, observe-t-il. Dans le pays les gens mettent l’accent sur les valeurs et non les futilités. »