Les autorités de la Sierra Leone n’en démordent pas. Les élections présidentielles et législatives auront bien lieu au mois de mai prochain. La rébellion et l’opposition crient à l’imposture, au détournement électoral.
La paix des braves se déroule dans un climat de suspicion. Les anciens adversaires se toisent en chiens de faïence. La confiance a disparu même si les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) continuent de rendre leurs armes, sous le contrôle onusien. Depuis l’annonce du président Ahmed Tejan Kabbah de maintenir les élections présidentielles et législatives pour mai 2002, l’opposition pacifique et la rébellion multiplient les déclarations incendiaires contre le régime en place. L’opposition soupçonne les autorités de vouloir bourrer les urnes et de mettre en péril la paix précaire qui s’installe difficilement dans le pays. L’autre principale raison de cette méfiance est le manque de préparation de l’opposition à ces élections.
On vote puis on fait la paix
» Le RUF sait qu’il n’a aucune chance aux élections. S’il veut continuer d’exister politiquement, il doit d’abord passer d’un mouvement armé à celui d’un parti politique traditionnel. Or, il est trop imprégné d’une logique guerrière. Il demeure très dangereux pour la stabilité de la Sierra Leone « , analyse un diplomate occidental. Se joignant à l’opposition, le RUF exige un gouvernement d’unité et de transition avant la tenue des élections. Le gouvernement oppose un refus catégorique.
Les élections législatives ont déjà été reportées de six mois. Elles devaient se tenir à la fin de cette année. Ce qui inquiète l’opposition est le manque de temps pour préparer les élections. Elle n’aura qu’un mois et demi pour séduire les électeurs. La Sierra Leone vit sous l’état d’urgence. Toutes les activités politiques sont suspendues jusqu’à fin mars 2002. Pour l’instant, seules les forces onusiennes maintiennent un semblant de cohérence entre les protagonistes.