Un vaste réseau de fraude à la carte bancaire vient de tomber en Espagne. À sa tête, des criminels marocains bien organisés qui avaient fait du vol de données bancaires et de la revente de smartphones leur spécialité. Mais l’affaire ne s’arrête pas là.
Dans les locaux de la Garde civile espagnole, les enquêteurs peuvent souffler. Après des mois d’investigation, ils viennent de mettre la main sur une organisation qui avait élevé la fraude à la carte bancaire au rang d’art. Le mode opératoire ? Subtiliser des données bancaires – sans doute par phishing ou piratage – pour commander en ligne du matériel électronique haut de gamme. Direction ensuite le Maroc, où ces appareils retrouvaient une seconde vie sur le marché noir.
Cette opération conjointe entre la Garde civile et la police de Bilbao a permis d’interpeller quatre personnes. Sept autres sont dans le collimateur de la justice pour fraude, blanchiment d’argent et appartenance à une organisation criminelle. Mais les enquêteurs le savent : ils n’ont peut-être débusqué que la partie émergée de l’iceberg.
La Mocro Mafia à la manœuvre
Car les zones d’ombre restent nombreuses. D’où viennent exactement les données bancaires volées ? Le réseau a-t-il des ramifications dans d’autres pays ? Comment l’argent était-il blanchi une fois au Maroc ? Autant de questions qui témoignent de la complexité d’une enquête dépassant les frontières espagnoles.
Cette affaire met en lumière l’emprise grandissante des réseaux criminels marocains en Espagne. Profitant d’une connaissance fine des flux transfrontaliers et de complicités bien établies, ces organisations ne se limitent pas à la fraude bancaire. Trafic de drogue, contrebande de produits de luxe… leur champ d’action s’étend bien au-delà des simples arnaques à la carte bleue.
Face à cette criminalité de plus en plus sophistiquée, les autorités doivent jouer sur tous les tableaux : renforcement de la sécurité informatique, sensibilisation des consommateurs, coopération internationale… La partie est loin d’être gagnée, d’autant que les cybercriminels ont toujours une longueur d’avance. Dans ce genre de dossier, les frontières n’existent pas pour les criminels. Elles ne devraient donc pas non plus freiner le travail des enquêteurs.