PARIS – Yamina Benguigui, ministre français délégué à la Francophonie, a indiqué jeudi à Paris que « tout sera débattu » à Kinshasa (RDC) au 14ème sommet de la francophonie, organisé du 10 au 14 octobre prochains et auquel participeront notamment, selon elle, « 23 chefs d’état et premiers ministres ».
Selon le ministre, « aux dernières nouvelles », le président Kagame du Rwanda, pays voisin en conflit latent avec la RDC, sera représenté par sa ministre des affaires étrangères.
Mme Benguigui a indiqué qu’au-delà des thèmes officiels programmés, le sommet « abordera le 13 octobre, journée officielle, les situations de crise dans le Sahel et en RDC ». Elle a rappelé la position de la France exprimée devant l’ONU qui souligne que « la RDC a été agressée » et qui « condamne tous les soutiens extérieurs aux rebelles du MP3 ».
Evoquant la crise au Mali et la « problématique importante autour du Sahel », elle a indiqué que « l’on ne pouvait pas se passer de la présence algérienne » et que le sommet de Kinshasa « aura du sens parce qu’il se déroulera au cœur de l’Afrique ». « J’espère que l’on aboutira à Kinshasa à une vision nouvelle, sinon, a-elle ajouté en substance, cela risque de dégénérer dans les prochaines semaines ».
La ministre a précisé qu’elle avait prévu de rester neuf jours en RDC et de « se rendre notamment à Goma » pour y rencontrer les témoins des atrocités commises dans la région du Nord Kivu. « Je veux mettre un visage à ce qui se passe au Nord Kivu, a-t-elle déclaré, on parle de milliers de femmes violées, mutilées, des centaines de milliers de personnes déplacées et de recrutement d’enfants-soldats ».
Un forum des femmes francophones
Les femmes sont d’ailleurs, pour la ministre, une préoccupation majeure. Mme Benguigui a annoncé un projet de « forum mondial des femmes francophones » qui pourrait se tenir « à Paris ou ailleurs » et qui réunirait « 500 femmes du monde entier, engagées dans la défense des droits de l’homme, témoins ou victimes des conflits, des journalistes…
Son objectif est de « développer de nouvelles solidarités par le dialogue et d’ouvrir un espace solidaire qui fera émerger la femme francophone dans toute sa diversité ».
Mme Benguigui a rappelé, qu’au cours de ses visites préparatoires au sommet faites avec le soutien du secrétaire général de l’OIF, Abdou Diouf, elle avait rencontré des « centaines de personnes », responsables d’ONG, de mouvements politiques, d’opposants, de représentants de la société civile, des médias et que « tous, sauf un, ont souhaité la présence de la France au sommet de Kinshasa ».
Faisant référence au président de la République François Hollande, la ministre de la francophonie a expliqué que « la RDC est un pays, une terre, que l’on ne peut pas boycotter » en notant les réformes engagées pour les droits de l’homme et le code électoral.
« Le sommet de Kinshasa, c’est aussi la voix de l’Afrique » a-elle ajouté en soulignant que la France n’a pas la tutelle de l’organisation du sommet de la francophonie ». La vision de la France est d’avoir, selon elle, avec les pays africains, « des relations à hauteur de l’humain, égalitaires. », d’avoir un « nouveau langage de partage débarrassé de ses oripeaux colonialistes », et fondé sur « un espace économique très important qui doit être réorganisé ».
Mme Benguigui a souligné que le président François Hollande avait décidé « de se mobiliser pour la défense de la langue française » en préparant « un plan d’actions qui sera dévoilé à Kinshasa dont un volet important concernera les femmes francophones.Pour les étudiants, un projet de « visa francophone » est à l’étude.
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