Le Collectif des fils et filles des Africains déportés a lancé, il y a deux semaines en France, un numéro pour soutenir les personnes victimes de « racisme en général et de négrophobie en particulier ». Interview d’Assani Fassassi, président du collectif.
01 46 44 36 73. C’est le numéro, non surtaxé, que le Collectif des fils et filles des Africains déportés (Coffad) a mis en service pour les victimes de « racisme en général et de négrophobie en particulier ». Ce service est disponible depuis deux semaines et de nombreux appels ont déjà été enregistrés, selon le président du Coffad, Assani Fassassi. Explications.
Afrik.com : A qui est destinée la ligne que vous venez de mettre en place ?
Assani Fassassi : Ce numéro s’adresse à toutes les personnes victimes de racisme en général et de négrophobie en particulier. Ils peuvent appeler s’ils ont été victime de violences policières ou d’une discrimination qu’ils estiment liée à leur couleur de peau. Le Coffad est une association pour les Africains, et en Afrique il y a aussi des Arabes. Ceux qui se reconnaissent dans l’Afrique peuvent appeler.
Afrik.com : Pourquoi cette initiative ?
Assani Fassassi : C’est l’aboutissement de deux ans d’action. Nous voulons donner un contact à tous ceux qui se sentent lésés et cela nous permettra de ne pas uniquement nous reposer sur les statistiques des autorités.
Afrik.com : Avez-vous reçu beaucoup d’appels ?
Assani Fassassi : Enormément. Un policier noir nous a contacté pour dire qu’il avait été victime de violences policières. Il n’était pas en uniforme et il a été malmené, malgré ce qu’il a pu dire sur sa profession. Vous pouvez le croire ? Je ne peux pas vous donner les chiffres, mais je peux dire que les statistiques officielles ne correspondent pas à la réalité. Elles sont sous-estimées. Nous comptons confronter nos chiffres à ceux du ministère de l’Intérieur. Nous demandons aux gens de laisser leur nom et leur numéro pour nos statistiques.
Afrik.com : Quel est le mode de fonctionnement de la ligne ?
Assani Fassassi : Deux jeunes filles se relayent pour répondre aux appels et, après 19 heures, ils sont enregistrés. Selon la gravité de l’appel, on relaye ou non l’information.
Afrik.com : Vous avez donc un service juridique ?
Assani Fassassi : Bien sûr ! Nous avons un pôle d’avocats. Nous saisissons la justice qui se charge des affaires. On ne peut pas laisser les gens qui nous appellent comme ça ! Il y a aussi des cas de médiation. Par souci de transparence, nous tiendront une réunion le 10 mai prochain, jour de commémoration de la traite négrière, à la Bourse du travail de République. Nous avons invité les victimes qui nous ont appelé à venir, si elles le souhaitent.
Afrik.com : Quel lien entre cette commémoration et les victimes de discrimination ou de racisme ?
Assani Fassassi : C’est que la souffrance des déportés n’est pas terminée, les séquelles de la déportation continue avec ces problèmes.
Afrik.com : Certains disent que ce numéro est né parce que vous pensiez que SOS racisme n’en faisait pas assez…
Assani Fassassi : Je ne peux pas empêcher les gens d’extrapoler. Je n’ai rien contre SOS racisme. Nous ne faisons pas la même chose. Ils font ce qu’ils peuvent et je le sais. L’une des différences est qu’ils sont subventionnés, et pas nous. Nous n’avons de comptes à rendre qu’à notre conscience et ça ne pose pas de problème parce que nous avons un sens aigu de nos responsabilités.
Contacter la ligne d’écoute contre les discriminations et le racisme : 01 46 44 36 73