Un débat organisé mardi soir en banlieue parisienne par l’association « Ni putes ni soumises » sur le voile intégral s’est soldé par un échange d’insultes et de coups. Réunis à Paris, les ministres français examinent ce mercredi un projet de loi visant à interdire le port de la burqa.
L’association Ni putes ni soumises a organisé ce débat la veille de la présentation, ce mercredi lors d’un Conseil de ministres à Paris, d’un projet de loi visant l’interdiction du port de la burqa en France. Mais il a visiblement été perturbé par des partisans du port du voile, que la police n’a pas réussi à identifier.
Pour Ni putes ni soumises, farouchement opposée à la burqa, la soirée devait permettre d’élaborer un front commun contre son port en France. Une centaine de personnes, des femmes, dont des militantes féministes, d’autres portant le voile simple ou intégral, des hommes politiques mais aussi des islamistes, se sont rendus au lieu de la discussion, une école primaire de Montreuil, ville du département du Val d’Oise, où vivent de nombreux immigrés. Commencé sous un climat tendu, le débat aurait été perturbé par des membres du mouvement pro-palestinien, Cheik Yassine. Insultes et coups ont été échangés, obligeant les organisateurs à faire appel aux forces de l’ordre. Les policiers qui ont bloqué les sorties de l’école dès leur arrivée n’ont toutefois pas pu identifier les agresseurs, qui s’étaient déjà enfuis.
Un projet de loi controversé
Député du Parti socialiste (PS) et partisan de l’interdiction de la burqa, Manuel Valls qui était dans la salle a indiqué que loin de le décourager, l’incident n’a fait que renforcer sa conviction pour une loi. « Je sens qu’on éprouve dans cette affaire la République et ses représentants et moi je ne me laisserai pas faire », a-t-il indiqué. « Je pense que ceux qui avaient un doute avant le débat de ce soir ont compris, en sortant, la nécessité d’une loi qui dise stop à ceux qui instrumentalisent la religion musulmane et réduisent les femmes au silence », a renchéri Sihem Habchi, la présidente de Ni putes ni soumises.
Le projet de loi présenté en Conseil des ministres ce mercredi comporte sept articles. Il sera débattu en juillet par les députés puis examiné début septembre par les sénateurs, avant sa promulgation. Toutefois, alors que certains musulmans dénoncent le risque de stigmatisation qu’elle pourrait induire, l’interdiction du port du voile intégral divise la classe politique française. Certains élus, comme le député Vert Noël Mamère, la jugent contraire aux libertés individuelles. Par deux fois, le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative en France, s’est prononcé contre une interdiction généralisée.