Un an après les émeutes de l’automne dernier, les Français ont le sentiment que « pratiquement rien n’a changé ». C’est ce qui ressort des doléances que le Collectif AC le Feu a récolté à travers l’Hexagone pendant huit mois. Ils les ont remises, mercredi, à Paris, à la commission du Sénat chargée des banlieues et à chaque parti politique représenté à l’assemblée nationale. En espérant que les choses bougent.
L’automne dernier, les medias du monde se sont fait l’écho des violentes émeutes qui ont secoué la France pendant un mois. Les personnalités politiques se sont succédées au micro pour énoncer ce qu’il fallait faire afin de rendre stérile le terreau de la révolte. Au premier anniversaire des événements, qui ont commencé après la mort par électrocution de deux adolescents poursuivis par la police, il semble que les déclarations ne se soient pas traduites par des actes. C’est ce qui ressort des témoignages que AC le Feu (Association du collectif liberté, égalité, fraternité, ensemble et unis) a collecté dans 120 villes pendant huit mois.
L’espoir de changement est toujours là
Le groupe, qui s’est formé à Clichy-sous-Bois (Est de Paris) au lendemain des heurts, a glané sur le terrain 20 000 doléances. « Les gens étaient contents qu’on s’intéresse à eux, qu’on leur donne la parole, mais certains considéraient que ça ne servait pas à grand chose », explique Samir Mihi, porte-parole d’AC le Feu.
Leur collecte s’est achevée en juin. Bilan : « Les gens ont partout les mêmes soucis, c’est ce que nous essayons de faire comprendre, poursuit Samir Mihi. Ils se plaignent des problèmes de logement, d’emploi… mais ce qui revient le plus souvent, c’est la discrimination, le racisme et les pratiques policières, notamment des contrôles au faciès. La plupart dit que pratiquement rien n’a changé. Mais les gens n’ont pas perdu espoir puisqu’ils ont accepté de remplir le cahier de doléances pour que les choses changent. » Pour que le message passe, le collectif a organisé une marche, mercredi, à Paris, qui a rassemblé quelques centaines de personnes. Il a surtout remis un cahier de doléances à la commission du Sénat chargée du dossier des banlieues et un à chaque parti politique de l’assemblée nationale.
« Tout s’est très bien passé, mais quant à ce qu’ils vont faire… Le travail ne s’arrête pas à la remise du cahier. Nous allons relancer tous les partis. Nous allons continuer dans ce sens et nous espérons être reçu par le président de l’assemblée nationale et par le Président de la république », confie Samir Mihi. Le Président de l’assemblée nationale, Jean-Louis Debré, qui a refusé de recevoir AC le Feu pour ne pas « bousculer son emploi du temps », regrettait le 16 octobre le collectif. Le combat promet d’être difficile, mais la motivation est là. « Si on n’y croyait pas, on n’aurait pas fait tout ça », conclut le porte-parole.