Deux des trois syndicats de Mauricius Telecom ont demandé vendredi le départ de France Telecom, actionnaire à 40% de l’opérateur national mauricien. Ils craignent que les mauvais résultats du groupe français ne ternissent l’image de la société. Ils sont prêts au bras de fer pour faire aboutir leurs revendications.
Les syndicats de Mauricius Telecom ne veulent plus de France Telecom dans le capital de la société. La Telecommunication staff association (TSA) et l’Overseas telecommunication service association (OTSEA) ont officiellement demandé, vendredi, le départ de l’opérateur français dont le déficit record annoncé le 12 septembre dernier inquiète. Ils entendent préserver l’entreprise de la tourmente, sauver des emplois et protéger la bonne image de l’entreprise.
» Mauricius Telecom a réalisé 1,5 milliards de roupies de bénéfices l’année dernière (51,5 millions d’euros). Nous craignons que le déficit et la mauvaise santé financière de France Telecom (actionnaire majoritaire de l’opérateur mauricien à hauteur de 40%, ndlr) ne ternissent notre image. Nous voulons faire comprendre à l’Etat qu’il a mal choisi son partenaire stratégique « , explique Mahefwar Gungadin, président de la TSA. Mais les griefs vont plus loin.
Le boulet France Telecom
Les syndicats accusent également le groupe français de n’avoir rien apporté à l’entreprise depuis son arrivée en novembre 2000. » France Telecom avait promis de nous apporter l’expertise et de nous aider à pénétrer les marchés africains et asiatiques : ça n’a pas été le cas. Nous étions déjà numéro un dans l’océan indien, nous avions déjà investi 1,5 milliards de roupies dans le câble optique Sat (réseau transcontinental sous-marin reliant l’Europe, l’Afrique et l’Asie, ndlr) bien avant son arrivée. Il avait également annoncé la création de 600 emplois, mais des échos de la direction des ressources humaines font état d’un prochain plan de licenciement de 450 personnes « , déplore le président de la TSA.
D’aucuns voient mal comment France Telecom pourrait réaliser aujourd’hui ce qu’elle a échoué à mettre en oeuvre hier, alors qu’elle était en pleine possession de ses moyens. Avec ses pertes records de 12,2 milliards d’euros au premier semestre 2002 et sa dette globale de 69,7 milliards d’euros à la fin du mois de juin, l’opérateur français est dans la tourmente. Son PDG, Michel Bon, a même démissionné. L’Etat français, actionnaire majoritaire, a annoncé des mesures de renflouement de la société, mais il est probable que cela se fasse au détriment de ses filiales internationales. Si France Telecom déclare » ne pas avoir de commentaire à faire » sur la crise à Maurice, il pourrait bientôt être obligé de sortir de son mutisme car, entre mouvements de grève et manifestations, les syndicats se préparent sérieusement à passer à l’action.
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