Le journal tunisien Le Quotidien rapporte que Taoufik el-Amri a été agressé puis poussé dans le canal Saint-Félix de Nantes. Un proche aurait fourni cette information, dont la véracité reste à prouver. Afrik.com fait le point sur cette affaire.
Le journal tunisien Le Quotidien donne une version qui ne laisse aucun doute sur le meurtre de Taoufik el-Amri, disparu dans la nuit du 22 au 23 novembre à Nantes (France). Un journaliste nous a expliqué avoir interrogé un proche du Tunisien disparu, qui s’est rendu en fin de semaine dernière en France. « Il a été catégorique : le médecin légiste a révélé la présence de quelques traces de coups. Selon ce proche, l’ouvrier de 33 ans a été agressé puis poussé dans le canal (Saint-Félix, ndlr) », nous a-t-il indiqué.
La famille dément, l’avocat reste prudent
Nous avons joint en Tunisie des proches de Taoufik el-Amri, en mémoire duquel une marche a réuni 500 personnes dimanche à Nantes, mais ils ont fermement démenti les propos rapportés par Le Quotidien. Très affectés et se préparant à l’arrivée de la dépouille, dans les tous prochains jours, ils nous ont renvoyé vers l’avocat français, Me Gilbert Collard, pour plus d’informations.
« Pour l’instant, on sait qu’il n’a pas reçu de coups ayant pu briser des os, de coups contendants, comme dit le jargon légiste. On sait aussi que les policiers l’ont relâché près du canal alors qu’il était dans un état comateux. Mais il y a un lapse de temps de 15 minutes où l’on ne sait pas ce qu’ils ont fait avec lui et s’ils l’ont poussé. Je n’ai pas d’éléments pour l’instant, mais j’y travaille », nous a confié Me Gilbert Collard.
Le procureur de la ville française de Nantes avait déclaré, jeudi, s’appuyant sur le rapport d’autopsie, que « les constatations plaident en faveur d’une noyage par hydrocution ». Stéphan Autin, qui se demande si « la victime a […] pu rencontrer des tiers », précise qu’« il n’y a pas de lésion traumatique, à l’exception de deux ecchymoses superficielles au bras gauche et à l’épaule. Il n’y a pas de traces de violence, de blessure, de perforation ou de plaie ».
Policiers mis en examen
Quant aux trois policiers qui ont arrêté Taoufik el-Amri la nuit de sa disparition, « il apparaît que les fonctionnaires ont délibérément varié dans les déclarations qu’ils avaient faites », a estimé le procureur. D’où la mise en examen pour « faux témoignages », en plus de celle requise pour « délaissement d’une personne incapable de se protéger en raison de son état physique ».
La Direction générale de la police nationale a par ailleurs annoncé leur suspension administrative et ils devraient comparaître devant le prochain conseil de discipline. Ils avaient arrêté le disparu avant de le relâcher non loin du canal alors qu’il avait « 3,74 g d’alcool dans le sang », selon le procureur. « Monsieur el-Amri se trouvait en ivresse manifeste », a-t-il ajouté. Un argument que les trois hommes avaient nié, en plus d’avoir menti sur le lieu où ils avaient relâché le Tunisien.
Selon le journal tunisien La presse, les parents de Taoufik el-Amri ont contacté les autorités judiciaires du gouvernorat de Gabès afin qu’elles contactent leurs homologues françaises à Nantes pour déterminer les « coupables » éventuels.