Parce que le décalage horaire faisait arriver jusque là les résultats de l’Outremer français un jour après les résultats du vote de la métropole, le référendum sur la constitution européenne marque une première historique : désormais, des Antilles à la Polynésie, en passant par Saint-Pierre et Miquelon ou la Guyane, les premiers Français ont commencé à voter dix-huit heures avant les Parisiens…
Est-ce un signe des temps ? La marque d’une reconnaissance croissante de la place de l’Outremer dans la communauté française ? Toujours est-il que le vote des collectivités françaises les plus éloignées de la métropole commence désormais une journée avant l’ouverture des bureaux de vote parisiens…
Et premier enseignement des premiers territoires à voter : l’enjeu du scrutin européen concerne manifestement beaucoup les citoyens français d’Outremer. Même à Saint-Pierre et Miquelon, terre plus proche du Canada que de Bruxelles, le vote sur la Constitution européenne a semble-t-il mobilisé les électeurs : la dernière estimation disponible du taux de participation est trois fois supérieure à ce qu’il est habituellement pour un scrutin européen !
Difficile d’anticiper à partir de ces seuls chiffres une mobilisation identique en France même : toujours est-il que l’anticipation de leur vote semble avoir contribué à motiver les électeurs… Comme si, de voter en premier leur donnait une responsabilité civique, celle de montrer l’exemple !
Il faut dire que les territoires français d’Outremer savent à quel point l’intégration européenne est une source de dynamisme économique : ainsi la Guyane profite-t-elle à plein de l’effort européen de recherche en matière spatiale, puisqu’elle héberge le site de lancement des fusées Ariane, l’une des grandes réussites technologiques et scientifiques de l’Europe unie.
Et les Guyanais redoutent légitimement qu’un coup de frein à la construction européenne puisse signifier aussi un coup de frein au développement de projets industriels communs de premier rang, comme les programmes de conquête de l’espace coordonnés par la France, qui pourraient bien trouver d’autres chefs de file…
Ainsi les électeurs français de l’Outremer pourraient bien être les citoyens les plus attachés à ce projet de Constitution européenne et les plus clairvoyants sur ses véritables enjeux !