Alors que la France redessine sa stratégie continentale, le président nigérian Bola Tinubu vient pour une visite à Paris. Trois mois après son dernier passage, ce nouvel échange avec Emmanuel Macron est le symbole d’un possible repositionnement géopolitique entre Paris et les puissances anglophones africaines.
Le Président nigérian Bola Ahmed Tinubu a entamé une visite en France avant de se rendre au sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba en Ethiopie, du 12 au 16 février 2025. Cette étape parisienne, officiellement qualifiée de « visite privée », revêt néanmoins une importance diplomatique majeure, alors que la France tente de redéfinir son influence en Afrique en se tournant vers les puissances anglophones du continent.
Dans un contexte national marqué par des défis économiques majeurs, une insécurité persistante due aux groupes terroristes Boko Haram et ISIS-WA, et une économie en recherche de diversification, le Nigeria cherche activement de nouveaux partenariats stratégiques. Après avoir perdu du terrain dans ses anciens bastions d’Afrique francophone, notamment au Sahel où les putschs militaires ont accéléré le rejet de la présence française, Paris mise désormais sur des partenaires stratégiques comme le Nigeria, première économie et pays le plus peuplé du continent.
Le rapprochement entre les deux pays semble donc une évidence. Cette dynamique s’inscrit dans la continuité de la visite d’État effectuée par Bola Tinubu en novembre 2024, marquant un rapprochement franco-nigérian inédit depuis plus de deux décennies. Le président Macron avait alors déclaré que c’était « Un honneur pour la France, cher Président Bola Tinubu, d’accueillir en visite d’État un grand partenaire, un ami d’aujourd’hui et de demain. C’est aussi une grande fierté pour le jeune stagiaire que j’ai été à l’ambassade de France au Nigéria. »
Un partenariat stratégique dans un contexte de mutations africaines
Lors de son passage à Paris, Tinubu doit rencontrer Emmanuel Macron, confirmant ainsi la volonté des deux pays d’approfondir leur coopération dans divers domaines : transition énergétique, défense, éducation et innovation. Ce renforcement des liens intervient dans un contexte où la France cherche à compenser la perte de son influence au Sahel en consolidant ses relations avec des puissances africaines anglophones à forte croissance économique et à poids politique déterminant sur la scène continentale.
Le Nigeria, souvent perçu comme une puissance pivot de l’Afrique de l’Ouest, joue un rôle crucial dans la sécurité régionale et l’intégration économique, notamment via la CEDEAO. La France, consciente de ce positionnement stratégique, cherche ainsi à bâtir une relation plus pragmatique avec Abuja, en s’appuyant sur des intérêts communs en matière de lutte contre le terrorisme, de développement des infrastructures et d’échanges commerciaux.
lire aussi : Perte d’influence de la France en Afrique, un rapport parlementaire tire la sonnette d’alarme
Alors que Bola Tinubu poursuivra son voyage en Éthiopie pour le sommet de l’Union africaine, son escale en France illustre une réalité géopolitique nouvelle pour Paris, en quête de nouveaux relais d’influence. Reste à savoir si cette approche suffira à enrayer le déclin de son ancrage en Afrique.
