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La visite de Rachida Dati au Sahara occidental, ce 17 février 2025, marque une étape importante dans les relations diplomatiques entre la France et le Maroc. Ministre française de la Culture, Rachida Dati a qualifié sa présence dans cette région de « historique », et affirmé que sa visite « démontre que le présent et l’avenir de cette région s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Une déclaration forte qui fait écho à un changement important dans la politique étrangère de la France concernant ce territoire, autrefois considéré comme une zone de conflit international.
Macron et son soutien au plan marocain d’autonomie du Sahara
Lors de son arrivée à Laâyoune, la plus grande ville du Sahara occidental, Rachida Dati a été claire : il s’agissait de la première visite d’un ministre français dans les provinces du Sud, comme le Maroc désigne ce territoire considéré comme colonisé selon le droit international. Une première qui témoigne d’un soutien marqué de la France à la position du Maroc sur le Sahara occidental. Le territoire, vaste zone désertique, est contrôlé à 80% par le Maroc, mais il est également revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie. Depuis plusieurs années, le Maroc propose un plan d’autonomie pour ce territoire sous sa souveraineté, un projet qui bénéficie du soutien d’Emmanuel Macron.
Le soutien de la France à la position marocaine s’est concrétisé en juillet dernier, lorsque Emmanuel Macron a soutenu le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental, marquant ainsi une rupture nette avec la position traditionnelle de la France, qui privilégie le processus de l’ONU d’un référendum d’autodétermination du peuple Sahraoui.
Cette décision du Président français a provoqué une grave crise diplomatique avec l’Algérie, qui soutient le Front Polisario dans sa lutte pour l’indépendance du Sahara occidental. Ce changement de cap a suscité des débats sur les motivations de la France qui privilégie désormais ses intérêts commerciaux au droit international.
Favoriser une autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine
Cette nouvelle position de la France s’est matérialisée davantage lors d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU en octobre dernier, qui a appelé à une « solution réaliste et mutuellement acceptable » pour le Sahara occidental. La France, soutenue par plusieurs de ses alliés, a pris la parole au sein de l’ONU pour promouvoir la solution marocaine, qui favorise une autonomie sous souveraineté marocaine pour cette région contestée. Emmanuel Macron, lors de sa visite au Maroc à la fin octobre, a promis de continuer à œuvrer diplomatiquement pour soutenir cette position tant au sein de l’ONU qu’auprès de l’Union européenne.
Rachida Dati a profité de sa visite pour annoncer l’ouverture prochaine d’une antenne de l’Alliance française à Laâyoune, un centre culturel destiné à renforcer les liens entre la France et le Maroc. Ce projet, qui comporte des activités culturelles, des cours de langue et des échanges d’artistes, est perçu comme un symbole fort de la coopération entre les deux pays. La ministre française a souligné qu’il s’agissait d’une « ouverture sur le monde » et d’un projet « phare » pour la coopération culturelle entre la France et le Maroc. De plus, Dati a évoqué son « attachement » personnel au Maroc, un pays dont son père est originaire, ce qui renforce la dimension symbolique de cette visite.
Répercussions du soutien de la France vis-à-vis du Maroc
Accompagnée de son homologue marocain, Mehdi Bensaïd, ministre de la Culture, Rachida Dati a également inauguré une annexe de l’Institut supérieur des métiers du cinéma (ISMAC) à Dakhla, située à 500 kilomètres au sud de Laâyoune. Cette initiative s’inscrit dans un cadre de renforcement des liens culturels et éducatifs entre les deux nations, visant à promouvoir les métiers du cinéma et à encourager la créativité artistique dans cette région du Sahara.
La dimension politique de cette visite est indéniable, d’autant plus qu’elle intervient après la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Ce soutien de la France vis-à-vis du Maroc a des incidences sur les relations diplomatiques dans la région. Alger, traditionnellement proche de Paris, voit d’un mauvais œil ce virage diplomatique et ce soutien renforcé de la France à la position du Maroc, notamment après les tensions qu’ont suscitées les déclarations de Macron et la promotion d’une solution politique au Sahara qui exclut l’indépendance.