Serge Dassault, sénateur UMP de l’Essonne, a été placé ce mercredi en garde à vue, au siège de la police judiciaire à Nanterre, en région parisienne, dans le cadre de l’affaire d’achat de votes à la mairie de Corbeil.
L’avionneur français Serge Dassault, 88 ans, a été convoqué ce mercredi matin au siège de la police judiciaire, à Nanterre, pour être entendu, sous le régime de la garde à vue, sur l’affaire dite d’achat de votes lorsqu’il était maire de Corbeil. « Il ne panique pas : il n’a commis aucun délit », affirment ses proches. Le sénateur UMP a été entendu par les hommes du commissaire divisionnaire Christine Dufau de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financière et fiscales. Une convocation rendue possible par la levée, mercredi dernier, de son immunité parlementaire.
A l’issue de sa garde à vue, la cinquième fortune de France devait être déféré devant les juges du pôle financier du TGI de Paris afin d’être mis en examen.
Tentative d’assassinat
L’affaire, digne d’un compte Scarface éclate lorsqu’un témoin du présumé système de voix orchestré par Serge Dassault à son profit et à celui de Jean-Pierre Bechter, son successeur à la mairie de Corbeil, dépose une plainte contre les deux hommes pour « association de malfaiteurs » et « collecte de données à caractère personnel ». Cet homme, c’est Fatah Hou, un boxeur trentenaire de Corbeil-Essonnes qui a échappé à la mort par balle l’année dernière. La tentative d’assassinat du franco-marocain, pour le faire taire selon lui, aurait été décidée le 13 février 2013, au « Rond-Point », pendant un déjeuner entre Serge Dassault, Jean-Pierre Bechter et le numéro 2 de l’ambassade du Maroc à Paris, Riad Ramzi. Cinq jours après, le boxeur se fait tirer dessus.
Jean-Pierre Bechter aurait appelé, la veille du déjeuner, Machira Gassama, le directeur du service de la Jeunesse et des Sports de Corbeil afin qu’il lui envoie rapidement « les noms et les adresses précises des deux loustics et les téléphones (…). On a monté le déjeuner pour ça, hein », insiste-t-il. Les « loustics » de Dassault auraient été les pièces maîtresses à éliminer avant que le puzzle ne s’écroule, bien que ce soit désormais le cas.
Financement de voix
En 2012, le « loustic » Fatah Hou avait tourné une vidéo clandestine dans laquelle Serge Dassault reconnaît avoir acheté la victoire de son successeur à la mairie de Corbeil. On parle alors d’une somme de 1,7 million d’euros…
Le sénateur Dassault est également soupçonné d’avoir transféré des millions d’euros par le biais de circuits opaques. Le nom de Younes Bounouara, réputé agent électoral de Dassault depuis 1995, a reçu un virement de Dassault de deux millions d’euros. Officiellement, cette somme aurait servi au financement d’un projet de commercialisation d’une source d’eau minérale dans la région de Tizi-Ouzou, en Algérie. Officieusement, elle aurait servi à acheter des voix, ce que nie Serge Dassault. Ce dernier nie également avoir organisé un quelconque meurtre.
Un autre « loustic », Kébé, un franco-malien, a reçu 1,2 million d’euros de la part de Serge Dassault après son prétendu « travail » auprès des électeurs des Tarterêts, un « racket » selon l’avionneur, a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. L’affaire, loin de se terminer, devrait encore connaître des rebondissements.