Selon le rapport de l’Observatoire national des ZUS publié mercredi, près de 52,6% des habitants des quartiers sensibles sont issus de l’immigration. Ils vivent souvent dans des conditions précaires et beaucoup d’entre eux rencontrent des difficultés sur le marché du travail.
Les immigrés des quartiers sensibles trébuchent. Pour la première fois, le rapport de l’Observatoire des Zones urbaines sensibles (ZUS) publié mercredi détaille leurs conditions de vies. Les immigrés représentent 52,6 % de la population de ces quartiers. Dans les ZUS de la région parisienne, le pourcentage de personnes issues de l’immigration s’élève même à 64%, toutes générations confondues. Les Maghrébins sont les plus nombreux à y vivre, alors que ceux de l’ancienne Indochine (Vietnam, Laos, Cambodge) sont minoritaires. Parmi les premiers arrivants, ceux qui ont le plus de chance de se retrouver en ZUS sont les Turcs (31,5%), tandis que chez la deuxième génération ce sont les enfants originaires de l’Afrique subsaharienne (28,1%), indique le rapport. Il souligne également que les habitants des ZUS issus de l’immigration éprouvent un sentiment de rejet. Une personne sur cinq dit avoir déjà été victime de discrimination, en raison de sa couleur de peau ou de son origine ethnique. Dans ces quartiers, seulement 57 % des Français issus de l’immigration ont l’impression d’être perçus comme des Français, contre 79 % pour ceux vivant ailleurs.
Un taux de chômage élevé
La situation socio-économique des immigrés vivant dans les zones sensibles est particulièrement difficile. Rien de nouveau en soi, mais le rapport est explicite. Sur le marché de l’emploi, ils sont très mal lotis. ?« Le taux de chômage de ceux de la première génération atteint 19,2?% dans ces quartiers, contre 9,5?% pour ceux qui ont élu domicile ailleurs?», explique Bernadette Malgorn, présidente du conseil d’orientation de l’Observatoire des ZUS. Pour les générations suivantes, la situation semble se détériorer. Le taux de chômage de ceux habitants dans les ZUS est de 28,6% contre 10,6% pour ceux vivants dans les agglomérations. En 2010, plus d’une personne de 15 à 59 ans sur cinq est ainsi au chômage en Zus. Il s’agit du niveau le plus élevé depuis 2003. Cette augmentation du taux de chômage concerne essentiellement les 25-49 ans, qui subissent les effets de la crise économique.
Des métiers peu qualifiés
Le rapport précise notamment que les immigrés vivants dans les ZUS exercent les métiers les moins qualifiés avec 52,2% d’ouvriers et seulement 4,4% cadres. La part des « immigrés ayant des salaires supérieurs à 1500 euros par mois est inférieure à l’ensemble de la population », indique-t-il. Les revenus des immigrés vivants en ZUS sont ainsi « plus concentrés autour du Smic que ceux de l’ensemble de la population ». Selon le rapport, le taux de chômage est en moyenne plus élevé pour les personnes ayant les plus faibles niveaux de qualification. Il est de 24,4 % chez celles d’un niveau d’études inférieur au BEP/CAP et de 26,7% pour les populations immigrées d’origine non-européenne. De même, sur le plan de la scolarité, le niveau d’étude des élèves issus de collège en ZUS est plus faible que ceux qui proviennent de collèges en dehors de ces quartiers. Ces élèves sont en effet deux ans plus tard nettement plus souvent dans une filière professionnelle que s’ils proviennent d’un collège non classé en ZUS. Et les lycéens originaires d’établissements en zone sensible s’orientent moins souvent que les autres vers une filière générale (1re L, ES ou S), en particulier la filière scientifique.
« Ghettoïsation » et sentiment d’insécurité
Les zones sensibles sont en proie à une « ghettoïsation », puisque 85% des immigrés qui y vivent ont pour voisins des personnes issues elles aussi de l’immigration, révèle le rapport. Les habitants doivent également faire face à des problèmes d’insécurité. Leur sentiment d’insécurité est plus fréquent qu’ailleurs. En janvier 2011, selon le rapport, « la préoccupation des habitants des Zus en matière de délinquance et d’incivilité est prédominante. Un quart des personnes interrogées considère que c’est le problème le plus important ». Au moins « 28 % des habitants des Zus disent ne pas se sentir en sécurité dans leur quartier, et 14 % à leur domicile. Pourtant, les habitants des ZUS ne sont pas plus souvent victimes d’actes de délinquance que ceux des autres quartiers, précise le rapport. En revanche, ils sont deux fois plus nombreux qu’ailleurs à être témoins d’actes de délinquance ou à constater des destructions ou des dégradations volontaires d’équipements collectifs dans leur quartier.