Le célèbre saxophoniste camerounais Manu Dibango est mort aujourd’hui, à Paris, des suites du coronavirus. Il avait 86 ans.
On le croyait éternel, tant on était habitué à le voir jouer, depuis des décennies, dans les festivals de jazz et sur les plateaux de télévision. Avec son saxophone, ses lunettes noirs et son crâne rasé, Dibango était l’un des pionniers de l’afro jazz. Il avait acquis une renommée internationale en 1973 avec son tube « Soul Makossa ».
Un virtuose né sous une bonne étoile
Né le 12 décembre 1933 à Douala (Cameroun), Emmanuel N’Djoké Dibango répétait à l’envi qu’il avait eu de la chance. « La chance de venir en France, d’être né dans une famille qui avait les moyens de me payer des études en métropole. Et la chance que mes parents me payent des leçons de musique. C’étaient des parents qui m’aimaient. Si tu peux vivre par ta passion, et que tu travailles avec ça, c’est du bonheur. »
Arrivé en France à l’âge de 15 ans, Dibango dut faire preuve de patience et d’abnégation avant la reconnaissance française puis internationale : « Il y a plein d’artistes africains connus, Salif Keita, Mory Kanté, Angélique Kidjo, Richard Bona… Il y a une scène musicale africaine. Mais il y a une trentaine d’années c’était une utopie. […] Le bon noir c’était celui qui venait de New York, de Harlem, pas celui qui venait du Mali ou de Ouagadougou. […] Il a fallu détruire tous ces préjugés, ça n’a pas été facile. »
Un départ brutal
Le 18 mars dernier, sa famille précisait que le musicien avait été contaminé par le coronavirus mais elle se voulait rassurante : « Après une récente hospitalisation due au Covid-19, Manu Dibango se repose et récupère dans la sérénité ». On croyait alors le roi de la world music, cette force de la nature, tiré d’affaire. C’est par un communiqué publié sur sa page officielle que ses proches ont annoncé son décès aujourd’hui, 24 mars 2020.
« Papa Manu », comme il était affectueusement surnommé, n’est plus. Son rire, ses bons mots et sa hauteur de vue nous manqueront. Reste sa musique joyeuse, apport inestimable que nous ne nous lasserons jamais de redécouvrir.
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