Le gouvernement a tenté, lundi, de sortir du débat sur l’identité nationale de son enlisement. François Fillon, le chef de l’exécutif français, a annoncé une série de mesures dont la mise en œuvre sera strictement encadrée par une sorte de « commission de personnalités », composée de parlementaires et d’intellectuels. Cependant la nécessité d’un tel débat pose plus que jamais question. Selon un sondage réalisé par TNS-Sofres pour l’association « Equi¬ty Lab » et « Metro », 77 % de la population française juge que la diversité des origines et des cultures est une bonne chose.
Ce devait être un colloque présidé par le chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy. Au lieu de cela, le ministre de l’Immigration, Eric Besson, s’est contenté d’un séminaire gouvernemental d’une heure et demie. Sous l’impulsion du chef de l’exécutif, François Fillon, trente ministres et secrétaires d’Etat se sont réunis, lundi, pour plancher sur un débat plus large que celui si cher à M. Besson sur l’identité nationale. Au programme : une concertation sur une série de mesures destinées à « renforcer le pacte national ».
Dis Papa, c’est quoi un Français ?
Parmi celles retenues: la délivrance d’un « carnet du citoyen » à l’ensemble des élèves, du primaire au collège, le renforcement de l’enseignement de l’éducation civique et la transformation de la journée d’appel en une « journée du citoyen ». La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen devra également être présente dans chaque classe. L’acquisition de la nationalité française sera plus solennelle avec la signature d’une charte et le niveau de langue exigé sera relevé, grâce à une généralisation des « écoles ouvertes aux parents d’étrangers ». Enfin, une « commission de personnalités », composée de parlementaires et d’intellectuels, pour « approfondir le débat » sera chargée de suivre les mesures mises en œuvre.
Ce séminaire gouvernemental ne devrait être « qu’une étape », a promis François Fillon. Il n’aura pas vocation à enterrer le débat sur l’identité nationale, même si celui-ci a suscité de nombreuses critiques au sein de l’opposition et de la majorité. Pour conforter ses propos, le Premier ministre a indiqué que Nicolas Sarkozy s’exprimerait à nouveau sur le sujet après les régionales de mars prochain. Une réponse aux attaques de la Gauche qui voit en ce débat « une manœuvre électoraliste ».
77% des Français apprécient la diversité des origines et des cultures
Reste que du côté des électeurs, le débat sur l’identité nationale n’a pas l’effet escompté. L’image que la population se fait du Français modèle semble être moins figée que celle proposée par le gouvernement qui s’est cristallisée autour de l’immigration et de l’islam. Un sondage, publié dimanche, et réalisé par TNS-Sofres pour l’association « Equi¬ty Lab » et « Metro », montre que les Français, pour une écrasante majorité d’entre eux (77 %), jugent que la diversité des cultures et des origines est une bonne chose. L’idée selon laquelle « les personnes d’origine étrangère qui vivent en France devraient renoncer à leur culture d’origine pour adopter la culture française » est rejetée en bloc (à 71 %), tandis que 54 % des sondés déclarent ne pas être gênés par l’idée d’avoir une collègue musulmane qui porterait le foulard.
Depuis que le débat a été lancé fin octobre, la polémique sur l’identité nationale n’a cessé de se répandre dans les médias, pour le plus grand bonheur du gouvernement français qui a pu passer sous silence des sujets plus embarrassants, comme la hausse croissante du chômage. Par cette question : Qu’est-ce qu’un Français ? Le gouvernement (majorité UMP, droite) a savamment joué avec le feu pour s’attirer les grâces des électeurs du Front national, en vue des Régionales de 2010.
Un calcul politique qui n’aura servi qu’à stigmatiser un peu plus les immigrés et les musulmans, sans pour autant garantir la victoire à la majorité présidentielle.