Le taux de chômage des immigrés est deux fois plus élevé que chez les non-immigrés en France : 15,2 % contre 7,3 %, indique l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans sa première étude sur l’activité des immigrés publiée ce vendredi. A l’origine de ce chômage important : le manque de qualification. Mais les immigrés qualifiés restent tout aussi lésés sur le marché du travail français.
Le président du Front national Jean-Marie Le Pen peut ravaler ses propos quand il rend responsable les immigrés du chômage des Français. D’après la première étude sur l’activité des immigrés de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), portant sur l’année 2007 et publiée ce vendredi, les immigrés sont deux fois plus touchés par le chômage en France.
En 2007, 361 000 immigrés de 15 ans ou plus étaient sans emploi en France. Ce taux de chômage est deux fois plus élevé que chez les non-immigrés : 15,2 % contre 7,3 %. Les femmes sont les premières victimes de cette situation. Cet écart s’explique par des différences de qualification. Les immigrés actifs sont trois fois plus nombreux que les non-immigrés à ne posséder aucun diplôme (37 % contre 12%) dans la tranche 30-64 ans. Ils occupent plus fréquemment des emplois peu ou non qualifiés, donc davantage exposés au chômage. Ils travaillent dans le tertiaire, dans des secteurs comme le nettoyage, les services domestiques et la sécurité.
Beaucoup de cadres dans les immigrés actifs d’origine africaine
Malheureusement, l’écart ne se réduit pas avec le niveau de qualification.
Même à catégorie socio-professionnelle identique et à diplôme égal, les actifs immigrés, 8,6 % de la population active, restent plus fréquemment sans emploi. Ainsi, le taux de chômage de ces immigrés diplômés est trois fois supérieur à celui des autres actifs de niveau équivalent. « Les formations qu’ils ont pu suivre à l’étranger ne sont pas forcément reconnues en France », explique Pascale Breuil de l’Insee. « De plus, les immigrés arrivés depuis peu sur le territoire peuvent avoir certains handicaps : la langue, la culture et le réseau ou être victimes de discrimination», ajoute-t-elle.
Nombre d’immigrés occupent cependant des postes à responsablités et, là, le différentiel entre immigré et non-immigré se resserre. Selon l’Insee, sur les 2,1 millions d’immigrés déclarant avoir un emploi en 2007, 13 % occupent un poste de cadre ou une profession intellectuelle supérieure contre 16 % pour les actifs non-immigrés. La plupart sont natifs de l’Union européenne, hors Italie, Espagne et Portugal (ces 3 pays représentent à eux seuls 20 % du total des immigrés cadres). En volume, 10%, le Maroc et l’Afrique subsaharienne sont les deuxièmes plus importantes zones de provenance de ces immigrés cadres. Un chiffre qui s’explique par la forte immigration africaine en France.
Le niveau de qualification de la population immigrée a fortement augmenté. En 1990, seuls 12 % des immigrés actifs âgés de 30 à 64 ans possédaient un diplôme de l’enseignement supérieur. Ce chiffre est passé à 25 % en 2007 (contre 29 % pour les non-immigrés). Sur la même période, le nombre de personnes immigrées ne possédant aucun diplôme a baissé de 53 % à 37%.
Cette tendance positive observée ne suffit pas à rassurer
Jean-Marie Le Pen sur les avantages de l’immigration, même choisie que prône désormais le président Nicolas Sarkozy. Fidèle à sa réthorique anti-immigrationniste, le président du FN a trouvé la parade. « Qui paie les indemnités versées à ces chômeurs par les Assedic et les autres organismes sociaux ? Les Français et leurs entreprises, écrasés par les cotisations, et aujourd’hui par la crise financière », a-t-il déclaré dans un communiqué de presse. Aurait-il oublié que pour bénéficier des Assedic, il faut d’abord avoir travaillé et donc cotisé ?