Greenpeace profite de la tournée européenne du président du Gabon, M. Omar Bongo Ondimba pour suggérer au président de la République, M. Jacques Chirac, de demander à son compagnon de route de quarante ans comment celui-ci entend établir une gouvernance forestière crédible. Le président français pourrait également préciser comment la France compte sortir enfin de son rôle ancestral de commerçant peu équitable du bois africain.
Greenpeace profite de la tournée européenne du Président du Gabon, M. Omar Bongo Ondimba pour suggérer au Président de la République, M. Jacques Chirac, de demander à son compagnon de route de quarante ans comment celui-ci entend établir une gouvernance forestière crédible. Le Président français pourrait également préciser comment la France compte sortir enfin de son rôle ancestral de commerçant peu équitable du bois africain.
Des médias indépendants gabonais rapportent aujourd’hui que dans ce pays modèle de la foresterie ‘à la franco-africaine’ depuis les années 1880, un nombre extrêmement alarmant de concessions sont détenues par des ministres en fonction (y compris le ministre de l’Economie forestière…), des hauts fonctionnaires, des officiers militaires de haut rang, des membres de la famille du Président de la République et par le Président lui-même. De plus, les taxes des quelques 60% de la surface forestière possédant des titres valides au 1er janvier 2005 n’auraient pas été payées (quelque 12 Millions d’euros soit 8 Milliards de FCFA !) au 15 avril 2005.
Voilà qui éclaire le discours récurrent selon lequel acheter du bois africain permet de lutter contre la pauvreté. Effectivement, acheter du bois africain aujourd’hui permet indubitablement de lutter contre la pauvreté de l’Afrique… d’en haut.
En dépit de cela, la grande tournée du Président Bongo en Europe a pour objectif de promouvoir, entre autres, la diversification de l’économie gabonaise, notamment à travers l’exploitation forestière ! La France reste le premier importateur européen de bois gabonais, et les groupes français sont largement impliqués dans l’exploitation forestière au Gabon. De plus, une partie importante du bois exploité « par des gabonais » est en fait acheté[[<1>Le ‘fermage’ est une pratique qui consiste à faire exploiter une concession par un tiers, et à en acheter le produit.]] et ‘blanchi’ par les grands concessionnaires étrangers ‘partenaires’, puis exporté vers la France .
Ces révélations sur l’ampleur de la corruption forestière au Gabon amènent logiquement à se demander où donc est passée la bonne gouvernance forestière dont se félicitaient les chefs d’Etats réunis à Brazzaville en février dernier, et quelles mesures vont être prises par le chef de l’Etat gabonais pour assainir en profondeur « son » secteur forestier.
« L’ultime ironie est que l’on présente un tel gouvernement comme un partenaire crédible avec lequel négocier des accords sur ce commerce illégitime qui détruit les forêts africaines et avec lequel discuter de la lutte contre la corruption » déclare Illanga Itoua[[<3>Ecocertifications de complaisance : le label néerlandais Keurhout, ou comme le PAFC (Pan African Forest Certification), en développement au Gabon avec notamment le soutien de la France ‘à la demande des partenaires’ . Le FSC reste en cours de développement dans le Bassin du Congo, avec plusieurs grandes compagnies engagées vers le FSC à différents niveaux.]], chargée de la campagne Forêts africaines pour Greenpeace France.
En effet, à la veille de négociations avec l’Union européenne[[<2>Dans le cadre du processus FLEGT (Forest Law Enforcement, Governance and Trade), le Gabon et l’Union européenne devraient entamer dès l’automne des négociations sur des accords de partenariat permettant en théorie d’améliorer la gouvernance forestière dans le pays producteur. Greenpeace a également écrit au Président de la Commission européenne, M. Barroso, pour que celui-ci aborde la question de la réforme forestière gabonaise avec M. Bongo Ondimba, rencontré mercredi à Bruxelles.]] sur les conditions nécessaires à un commerce du bois ‘plus durable’ entre le Gabon et l’Union, qui peut croire qu’un gouvernement de concessionnaires forestiers prendra quelques mesures que ce soit pour établir transparence, légalité et bonne gestion ?
De plus, si la coopération française s’oriente effectivement vers un soutien aux petits et moyens concessionnaires , il serait nécessaire de vérifier combien de ces concessions répondent réellement à des critères de légitimé, de légalité, et de gouvernance. « la ‘coopé’ a traditionnellement été peu regardante sur ses ‘clients’. L’exemple du Gabon montre clairement qu’il est temps de changer de logique et de pratiques. » ajoute Illanga Itoua.
Pourtant des alternatives existent, les récents développement du FSC dans le Bassin du Congo concrétiseront une gestion durable de ces forêts et la traçabilité de ces bois. « Acheter ou promouvoir le bois africain non écocertifé FSC, c’est maintenir la pérennité du système forestier africain actuel – notamment via des écocertifications de complaisance – qui aggrave la pauvreté et dynamise une logique de pillage des forêts africaines aujourd’hui plus sophistiquée avec son maquillage écologique et ses certificats de légalité. » conclut Illanga Itoua4.
L’Etat de droit, l’Afrique « d’en bas » et la Biodiversité des forêts africaines restent bien les dommages collatéraux de la consommation d’okoumé et autres bois tropicaux aux tons si riches et chaleureux !
Pour plus d’informations, vous pouvez contacter :
Illanga Itoua, chargée de la campagne Forêts africaines pour Greenpeace au +33 6 30 23 52 78
Nadhia Zouari, chargée de communication Forêts au +33 6 76 21 95 32