Plusieurs centaines d’étudiants ont exprimé leur opposition à la politique du ministre français de l’Immigration, Eric Besson. Ce dernier s’est en effet rendu jeudi à Sciences Po Paris, établissement d’enseignement supérieur, pour y remettre un prix à des entreprises luttant contre les discriminations à l’embauche. Les manifestants ont vu là un « double discours », mais leur présence n’a provoqué que des railleries de la part d’un ministre qui n’est resté que le temps de son discours.
Réalisée sur un tissu à motif floral, une banderole annonce la couleur : « Identité = Cassoulet ». Plusieurs centaines d’étudiants, 300 selon l’« estimation scientifique » d’un salarié, se sont mobilisés pour dénoncer la venue à Sciences Po Paris du ministre de l’Immigration français, Eric Besson. Au centre de toutes les attentions en France depuis le lancement lundi d’un débat sur l’« identité nationale », il était invité par la Fondation Agir contre l’exclusion (FACE) pour remettre le « prix diversité » à des entreprises impliquées dans la lutte contre les discriminations à l’embauche.
Un parterre de chefs d’entreprises a suivi cette conférence, alors que résonnaient les slogans hostiles au ministre, depuis l’extérieur de l’amphithéâtre. Fusent, sans une minute de répit, des formules comme « Un charter pour Besson » ou « Nous sommes tous des expulsés afghans ».
« La politique menée par Eric Besson est une honte et nous ne pouvons pas accepter son double discours : renvoyer d’un côté les migrants vers des situations terribles et de l’autre décerner un prix « diversité », accessoirement devant des hommes blancs, chefs d’entreprises de plus de 45 ans », s’insurge Rémi, étudiant du syndicat étudiant Unef (gauche).
Deux heures et demie durant, les étudiants rassemblés ont attendu la venue du ministre. « Besson est arrivé et reparti de la même façon : par l’entrée de derrière, tête basse et sous les huées. Il n’est resté que le temps de son discours », explique Christian, membre du Parti socialiste, avant de préciser : « Il y avait vraiment des gens d’un large spectre politique, de l’extrême gauche au centre-droit. Je n’avais pas vu une telle mobilisation depuis la venue dans notre établissement de Jean-Marie Le Pen [président du Front national, ndlr], en 2007 ».
Le « mépris » du ministre
Dans l’amphithéâtre, les chefs d’entreprises voient soudain surgir Eric Besson, flanqué d’une quinzaine de gardes du corps. Il a l’air d’avoir tout juste échappé aux cavaliers de l’Apocalypse. Le président socialiste de la région parisienne, Jean-Paul Huchon, est en train de finir un discours où il critique l’organisation d’un « débat artificiel sur l’identité nationale ». Ce dernier se résume, dénonce-t-il, à un « exhibitionnisme des symboles » de La Marseillaise et du drapeau tricolore.
Ne souhaitant visiblement pas rester dans la même salle qu’Eric Besson, Jean-Paul Huchon se dirige vers la sortie. A la tribune, Eric Besson l’interpelle : « Jean-Paul, si tu veux débattre sur l’identité, c’est où tu veux, quand tu veux ! ». La salle est interloquée par la violence du propos. Le ministre de la République raille ensuite les slogans des manifestants, confinés à l’extérieur par un important dispositif de sécurité. Entendant « Besson, démission ! », il feint de mal comprendre : « Que disent-ils ? « Besson président ? » ».
A l’issue de la conférence, Samuel, représentant du syndicat étudiant SUD (extrême gauche), critique l’attitude d’Eric Besson : « On était là pour le prendre à partie au sujet des migrants de Calais et des travailleurs sans papiers en grève en région parisienne. Mais on n’a eu droit qu’à son mépris ». Ce qui n’empêche pas l’étudiant syndicaliste d’être satisfait de la mobilisation provoquée par la venue du ministre. « Ne « Besson » pas les bras », ajoute un autre étudiant.