La performance des têtes de liste issues de la diversité s’est révélée très diverse lors du premier tour des municipales françaises de dimanche. Certains candidats que nous avons interrogés avant le premier tour de l’élection expliquent leur sentiment sur leur prestation et font un point global sur le scrutin à l’échelle nationale.
Le premier tour des élections municipales françaises a réservé son lot de surprises pour les têtes de liste issues de la diversité, notamment à Paris. Les candidats qu’Afrik a interrogés l’illustrent. Le leader de la liste de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) dans le 20e arrondissement de la capitale, le Guadeloupéen Jean-Claude Beaujour, confie être désarçonné par son score : 7,2% des voix. En revanche, Fadila Mehal, meneuse d’origine algérienne du Mouvement Démocrate (MoDem) dans le 4e arrondissement, se réjouit de sa performance qui prouve, selon elle, que la politique de son parti séduit. La socialiste Seybah Dagoma – qui à l’heure de la publication n’avait pas donné suite à notre demande d’interview – peut quant à elle se targuer d’afficher 37,4% au compteur des suffrages. L’avocate née de parents tchadiens se retrouve ainsi au second tour. Quant à l’indépendant Brahim Djahlat, d’origine algérienne, ses 3,6% l’ont conforté dans l’idée de poursuivre son combat pour Villejuif.
Fadila Mehal, MoDem, 4e arrondissement de Paris, 8,16% des voix
Que pensez-vous de votre performance personnelle ?
« Je suis très, très heureuse dans la mesure où j’ai été désignée fin janvier dans un autre arrondissement que celui de départ. J’ai subi les difficultés qu’une candidate de la diversité pouvait rencontrer dans un arrondissement où les personnes issues de la diversité ne sont pas très implantées. Mais j’ai gagné le challenge car les Verts, qui jouissent d’une implantation importante, sont passés derrière moi. Je remarque aussi que la difficulté que certains ont pu évoquer par rapport à mes origines n’a pas joué. Dans les bureaux de vote, j’ai été frappée par la courtoisie et le respect qu’ont témoigné la Gauche, les Verts, l’UMP, qui ont salué notre performance. Ils ont apprécié notre façon différente de faire de la politique, sans anathème, sans agression, en basant tout sur notre programme et en essayant de faire des partenariats constructifs avec la gauche et la droite, selon leurs propositions. La population aussi est attentive à cette ouverture, qui n’est pas de la compromission, qui tranche avec l’archaïsme et le sectarisme qui a caractérisé la politique ces dernières années. »
Quel est votre sentiment global concernant le premier tour des municipales ?
« François Bayrou (le leader du MoDem, ndlr) l’a dit le premier, ce vote est un vote d’avertissement pour la droite. Je ne dirais pas un vote sanction parce que la droite résiste, même si la gauche a opéré une percée. Par ailleurs, on constate que les maires qui ont gagné haut la main sont les maires qui sont très implantés. Cela signifie donc que le pragmatisme, le réalisme et l’apport de réponses aux besoins des citoyens ont payé. En ce qui concerne plus particulièrement le MoDem, nous avons réalisé un score honorable. Sur Paris, nous sommes à une moyenne de 9%. Ce qui signifie que dans certaines grandes villes nous allons jouer le rôle d’arbitre. Nous représentons une nouvelle force et une proposition nouvelle par rapport à l’alternance rituelle gauche-droite. »
Jean-Claude Beaujour, UMP, Paris 20e arrondissement de Paris, 7,2% des voix
Que pensez-vous de votre performance personnelle ?
« Ma performance est presque incompréhensible puisque je ne retrouve pas au moins 14 points d’électeurs. C’est-à-dire que par rapport au socle électoral de l’UMP, sans compter la dissidence, nous sommes 14 points en dessous de ce à quoi on pouvait s’attendre. Quand on raisonne sur le résultat, il y a un vrai souci par rapport aux électeurs. Je me demande pourquoi ils ne se sont pas manifestés, pourquoi ils ne sont pas allés voter. C’est là-dessus qu’il faut s’interroger. Je pense que c’est parce que sur le terrain, pendant ces derniers mois, les gens avaient beaucoup d’attentes par rapport à la politique du gouvernement. Il y a eu par ailleurs de fortes réactions anti-UMP. Il semble que les électeurs avaient un sentiment de frustration, que les réformes ne sont pas arrivées assez vite. »
Quel est votre sentiment global concernant le premier tour des municipales ?
« Généralement, il faut y voir un avertissement de la population, qui est en attente de sérénité et de dynamisme en politique. Ils veulent une mise en place claire, calculée et raisonnée de la politique. Est-ce qu’il y a un mélange entre les annonces du gouvernement et le ressenti dans la population ? De ce côté-là, il y a peut-être une réponse à donner à la population. D’autant qu’il faut bien avoir à l’esprit que dans l’Est parisien, notamment, il y a une force désespérance. »
Brahim Djahlat, Indépendant du parti Trait d’Union, Villejuif, 3,6% des voix
Que pensez-vous de votre performance personnelle ?
« Quand je compare ma performance à ceux qui ont débuté en même temps que nous, je me dis qu’on ne s’en est pas mal tiré. Par exemple, Rachid Nekkaz, qui est un peu connu parce qu’il s’est présenté aux présidentielles, a recueilli un peu plus de 300 voix. A Fresnes, des débutants comme nous ont fait 800 voix et j’en profite pour les féliciter. J’ai recueilli 3,6% des voix, ce qui fait 500 voix. C’est une belle surprise car à la mairie tout le monde tablait sur 200 voix parce que nous n’avons pas fait de campagne de terrain. Les 500 voix montrent qu’il y a un potentiel derrière et que si on fait un travail de terrain on peut multiplier ce chiffre par deux ou trois. Mais cette aventure est un début. J’ai compris comment fonctionne la présidentielle de l’intérieur et je pourrais donc mieux m’y prendre pour préparer pour les cantonales qui se dérouleront dans trois ans. En attendant, on peut faire parler de nous, agir sur le terrain en s’appuyant sur des associations. Maintenant que la municipalité sait qu’on existe, à nous de mettre à profit cet atout ! »
Quel est votre sentiment global concernant le premier tour des municipales ?
« Au niveau national, je ne me suis pas du tout intéressé à ce qui se passait. Je ne suis pas un politicien dans l’âme alors je me suis intéressé au scrutin au niveau local. J’entends parler de poussée de la droite ou de la gauche, mais je m’en moque. Ce sont les problèmes de Villejuif qui m’ont intéressé et poussé à me présenter. »