Les avions de la Camair sont toujours interdits en France alors que l’audit dont ils ont été l’objet a été rendu aux autorités camerounaises. Le personnel, déjà touché par la mauvaise santé financière de la compagnie avant cet épisode, va se mettre en grève mercredi et prévient qu’il peut bloquer le Cameroun.
Les employés de la Cameroon Airlines (Camair) s’impatientent. Le rapport d’audit effectué sur leurs avions, interdits en France depuis le 16 septembre, serait positif et aurait été remis depuis deux semaines aux autorités camerounaises. Sans que la situation ne se débloque sur la ligne la plus rentable de la compagnie. C’est pourquoi son personnel, qui accuse quatre mois d’arriérés de salaires, devrait respecter un mot d’ordre de grève illimitée dès mercredi minuit à l’appel de la Confédération générale du travail-Liberté du Cameroun (CGT-Liberté) et d’autres syndicats affiliés.
La Direction générale de l’aviation civile française (DGAC) a détecté une série d’anomalies sur les avions de la Camair entre le 24 mai et le 23 août derniers et avait conseillé un audit, avant de mettre à exécution les menaces qui pesaient sur la compagnie. Son rapport faisait état « d’infractions », allant de « l’usure au-delà des limites » de certains pneus au « transport non autorisé de matières dangereuses » et « ayant un effet direct sur la sécurité de l’exploitation ».
Un coup monté
Dès le 21 octobre, la presse camerounaise s’est faite l’écho des résultats satisfaisants de l’audit commandé à une société française. « Même si nous n’avons jamais douté de la fiabilité de nos avions, le rapport de l’audit rejoignant notre position nous réjouit énormément, puisque cela participe à redorer notre image de marque auprès du public et de la clientèle », s’exprimait ainsi un responsable de la Camair sur les pages de La Nouvelle Tribune. Mais toujours pas de rapport, ni de levée des sanctions, au moment où les contrats de location des deux avions d’Air Italia affrétés par le Cameroun, au prix de 4,257 millions FCFA par heure de vol, sont arrivés à expiration dimanche dernier.
Dans une correspondance adressée lundi aux autorités locales, la confédération syndicale dénonce la non publication officielle des résultats de l’audit et la rétention abusive de son Boeing 767-300, « le Dja », cloué au sol depuis son retour des Etats-Unis, où il transportait le Président de la République et sa suite à l’occasion du sommet de l’Onu. Le syndicat fait également état de la multiplication d’exigences préalables par la DGAC et du refus par celle-ci d’homologuer le programme hiver 2005-2006 de la Camair. Elle regrette par ailleurs la surexploitation par Air France des fréquences sur le Cameroun, passées de quatre à sept par semaine, voilant à peine des accusations de coup monté économique. « C’est une grossière connivence française pour nous asphyxier », s’indigne ainsi le président de CGT-Liberté, René Ekedi.
La Confédération syndicale, qui exige par ailleurs de la DGAC et de Air France le paiement « du manque à gagner du fait de la location des avions de Air Italia et du préjudice causé en ternissant l’image de la compagnie », indique qu’elle bénéficie de l’appui des travailleurs de l’eau (Snec), de l’électricité (Aessonel), du ramassage urbain des ordures (Hysacam) et des associations de revendeuses de vivres (« Bayam-Sellam »). Lesquels annoncent aussi « des mouvements qui pourraient paralyser tout le Cameroun ».
Avec Panapress