Une jeune française d’origine ivoirienne prise pour une migrante clandestine a failli être reconduite au Maroc, mercredi dernier, où elle a fait escale en provenance du Bénin. Si elle avait finalement été expulsée vers Cotonou, elle aurait croisé le ministre français de l’Immigration, qui se rend dans la capitale béninoise ce mercredi pour y parapher un accord de gestion des flux migratoires.
L’expulsion de cette jeune française d’origine ivoirienne vers Casablanca, puis sans doute vers le Bénin, d’où elle venait, aurait bien embêté le ministre de l’Immigration, Brice Hortefeux, qui se rend mercredi prochain à Cotonou. Mercredi dernier, Khady Savane, 30 ans, mère française de trois enfants, elle-même née en France, est interpellée par les agents de la Police de l’Air et des frontières (PAF), à sa descente d’avion, à l’aéroport d’Orly Sud. Ils lui reprochent de ne pas être la personne en photo sur le passeport qu’elle présente et ne tardent pas à lui notifier un « refus d’entrée sur le territoire français ».
La jeune française ne s’inquiète pas de cette méprise jusqu’à ce qu’un ancien collègue lieutenant de police témoigne de sa nationalité française… sans faire infléchir les confrères de la PAF. Ces derniers estiment que la jeune femme a pu travailler au sein de la police nationale en mentant sur son identité. Transférée dans un hôtel pour y passer la nuit, elle ne sera libérée qu’à 3 heures du matin, après l’intervention de militants associatifs.
Gérer les flux migratoires avec le Bénin
Si elle avait été reconduite à Casablanca, où elle a fait escale, puis au Bénin, d’où elle venait, Khady Savane aurait eu accès au ministre français de l’Immigration en se rendant à son ambassade. Lors de sa visite au Bénin, prévue mercredi et précédé d’une halte au Mali, Brice Hortefeux doit visiter l’ambassade de France pour y rencontrer des Béninois ou Franco-Béninois revenus au pays pour créer leur activité.
Il doit également être reçu par le président Boni Yayi, mais pour son deuxième voyage à Cotonou depuis sa prise de fonction, en juin dernier, le ministre français est avant tout au Bénin pour signer un accord de gestion concertée des flux migratoires avec le ministre des Affaires étrangères béninois, Moussa Okanla. Il a déjà conclu des accords de ce type, composés de trois volets dédiés à l’organisation de la migration légale, la lutte contre l’immigration irrégulière et le co-développement, avec Dakar, Libreville et Brazzaville.
L’objectif chiffré fixé par le président de la République française, Nicolas Sarkozy, à son ministre de l’Immigration, est de 25 000 reconduites à la frontière cette année. Cet objectif s’est jusque là traduit par un zèle des forces de police, notamment envers la communauté Rom, qui a récemment été l’objet d’« expulsions groupées » expresses vers la Roumanie et la Bulgarie, mais pas encore à l’encontre de la communauté française.
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