Chers frères et sœurs,
Le continent a urgemment besoin de vous !
La Commission de l’Union Africaine définit la diaspora africaine comme un groupe constitué de « personnes d’origine africaine vivant hors du continent africain, qui sont désireuses de contribuer au développement du continent quelles que soient leur citoyenneté et leur nationalité ».
Cette définition ne situe pas dans le temps l’existence de cette diaspora et formule trop mollement à mon avis le recours à cette diaspora à l’édification d’une Afrique forte. Entre « le désir de contribuer » et « l’impérieux nécessité de faire appel », il y a un gouffre qui ne saurait être tu, à l’heure où le continent est cerné de toute part par des puissances impérialistes qui rêvent de le dépecer une fois pour toute. L’appel à la diaspora devrait être proclamé non pas comme l’appel d’un noyé, mais un véritable appel à sauver la maison Afrique, auquel cas, chaque membre de la diaspora se sentirait interpellé car conscient des enjeux qui se jouent sur le continent.
Cependant, devons-nous exclure de cette même diaspora, vue sous l’angle de l’UA, tous ceux qui ne désirent pas contribuer effectivement au développement de l’Afrique ?
Comparativement aux diasporas chinoises et indiennes, qui pour des raisons soient économiques, politiques ou autres, ont émigré de leurs terres pour de nouveaux horizons, leurs gouvernements respectifs ont toujours pris soin de leur porter une attention toute particulière en encourageant une politique d’investissement par le biais de nombreuses associations et joint-venture avec les partenaires locaux. Des politiques de redécouverte des patrimoines linguistiques et culturels ont ainsi été mises sur pied tels que des cours de langue (mandarin, hindi, etc.), des voyages touristiques sont financés par l’Etat afin de faire de ces pays de nouvelles opportunité d’affaire.
Un regard sur la diaspora africaine montre qu’elle est non homogène. Jusqu’au début des années 90, les étudiants y représentaient une bonne majorité. Les bouleversements politiques qui s’en sont suivis sur le continent ont engendré de nouvelles vagues d’immigrations vers l’Occident avec l’émergence de hordes de jeunes bravant tous les dangers inimaginables du désert du Sahara jusqu’aux côtes italiennes ou grecques à la recherche d’une sécurité et d’une mieux-vivre illusoires en terre occidentale.
A cette catégorie, l’UA peut-elle valablement compter sur elle ? Elle qui de manière évidente, dans sa tentative de fuite à tout prix du continent, montre et affirme que rien ne vaut cet « enfer sur terre » ? Il est fort à parier que la réponse est non. L’Afrique peut d’ores et déjà faire le deuil de ces enfants qui l’ont quittée dans ces conditions épouvantables et inhumaines.
Quand à cette frange de la diaspora constituée d’hommes et de femmes installés en Occident depuis des dizaines d’années, et qui n’a pas connu que les régimes monolithiques, répressifs et autoritaires d’avant les années 90, une certaine forme de lassitude pour ne pas dire de résignation l’a gagnée au point d’en faire de simples spectateurs des soubresauts du continent. Observer et s’indigner en silence, telle semble être son mode d’action. Pour elle, un retour au pays est inimaginable car presqu’étrangers dans leurs terres natales. Peu d’investissements y ont d’ailleurs été réalisés et quand bien même quelques tentatives y ont été osées, elles se sont soldées le plus souvent par des échecs cuisants. En cause, entre autres maux indexés, la corruption, l’absence de soutien de l’Etat, le manque de professionnalisme des ressources humaines locales, l’incompréhension des enjeux, etc… A de rares exceptions près, quelques belles réussites émaillent tout de même le terrain…
Parmi ces résidents de longues dates, plusieurs hauts cadres, extrêmement compétents et bien formés et ce dans des secteurs de pointe, essayent tant bien que mal de garder espoir en l’Afrique, mais l’attrait du gagne-pain quotidien est plus fort et plus pressant au point de toujours différer un probable ou éventuel retour. Le manque de structures d’accompagnement freine bien des ardeurs malgré l’excellence des projets à mettre en œuvre.
L’Afrique gagnerait infiniment à compter sur ces enfants, un peu à l’exemple de la Chine et de l’Inde qui ont su faire de leurs diasporas, le moteur de leur développement économique et industriel. Pourquoi ne pas instaurer des politiques de distribution de terres agricoles exploitables au moins pendant 10 ans pour tout membre de la diaspora porteur d’un projet agricole sur les cultures locales et leur transformation pour ne citer que cet exemple ?
La diaspora africaine est riche d’une diversité de talents, de créativité et à ce titre, elle est l’ambassadrice du continent. L’UA devrait donc financer de manière visible des festivals d’arts africains, des expositions, des foires industrielles, bref tout ce qui concoure à promouvoir l’attractivité du continent auprès de sa diaspora afin de la rendre résolument réceptive et prompte à répondre à tout appel. Car de notre point de vue, il ne s’agit pas seulement d’un appel au développement, mais bien évidemment aussi d’un appel à la défense de l’intégrité physique du continent.
L’Afrique offre t-elle des possibilités à la diaspora d’investir sur le continent ?
Cette question mérite d’être posée et ce depuis fort longtemps. Plusieurs obstacles et non des moindres sont un frein au développement d’une diaspora économiquement forte sur le continent.
Tout d’abord, les systèmes politiques mis en place depuis les indépendances n’ont jamais œuvré pour le bien-être des peuples mais au contraire, assuraient la continuité du système ségrégationniste et esclavagiste des colons par l’émergence d’une bourgeoisie locale toute acquise aux thèses et idéaux de ces derniers. Dans ce système, les multinationales, véritables parrains et bénéficiaires du travail des exploités, étaient à la fois les garants de l’ordre martial établi et les contremaîtres des politiques néocoloniales de l’heure. Dès lors, aucun dirigeant n’osait proposer la moindre alternative à cette mainmise des multinationales sur les économies locales si ce n’est s’acoquiner avec ces derniers en prélevant des prébendes sur les quelques juteux contrats étatiques à eux octroyés. L’on comprend dès lors que le combat ne peut se résoudre à un simple changement de système tant que le lien organique, le cordon ombilical qui nourrit ce système de complicité avec les multinationales donc par ricochet les métropoles colonisatrices n’est pas sectionné, ses nombreuses métastases déracinées et extirpées du tissu politique et économique. Il serait même judicieux de considérer, vu l’état de soumission de nos états aux forces impérialistes, de considérer ceux-ci comme des non-états et de s’engager résolument à la création de véritables états souverains. Les terres agricoles et le sous-sol africain doivent être constitutionnalisés afin de les soustraire à la voracité des multinationales. Ainsi l’on n’assistera plus au bradage de ces terres au profit des multinationales chinoises, indiennes ou autres comme c’est le cas dans de nombreux pays africains.
La refondation de l’Afrique est une tâche ardue certes, mais réalisable cependant. L’éveil d’une conscience africaine est le levier sur lequel la refondation doit s’appuyer. Cette refondation devra reposer intrinsèquement sur des bases africaines à travers un corpus de théories africaines de l’économie, et de la politique, un enseignement dans lequel l’africain se reconnaitra lui-même tout en y intégrant des éléments de modernité scientifique, toutes choses bénéfiques pour le continent.
La diaspora contribue t-elle à la construction de l’Afrique ?
Selon le financier BELDINA AUMA, avant la crise financière qui a secoué le monde entre 2008-2009, les transferts d’argent de la diaspora vers l’Afrique avoisinaient les 22 milliards de dollars par an pour l’Afrique subsaharienne. En 2010, ils se chiffraient à 21 milliards et en 2011 à 22 milliards. On estime qu’ils représenteront 24 milliards en 2012, 25 milliards en 2013 et jusqu’à 27 milliards en 2014. Ici, ces colossales sommes d’argent qui pouvaient, si les choses étaient organisées, permettre de construire plusieurs entreprises, sont plutôt versées à 80% aux familles pour la gestion des besoins quotidiens élémentaires ou primaires.
Bien que salutaires, ces transferts d’argent ne constituent en rien une véritable contribution à la construction de l’Afrique car tous orientés à la consommation. Ils peuvent sans exagération être assimilés à de l’aide humanitaire mis au profit de communautés localisées mais pas à l’ensemble de la nation. « La diaspora Africaine doit se constituer en lobby et contribuer activement au développement du continent africain
» on pouvait entendre ces mots en guise de conclusion à la fin du Sommet mondial des maires et dirigeants africains et de descendance africaine qui s’était tenu pour sa troisième édition en 2013 en Colombie. Après ces sommets, colloques et forums, on se demande toujours où se retrouve exactement l’apport de la diaspora ? Les véritables projets d’investissements dorment dans des tiroirs au profit de transferts massifs à la consommation. Les banques locales rechignent à investir le moindre franc dans le développement de projets novateurs et générateurs de revenus, encouragées par l’absence de véritable politique d’incitation à l’auto-emploi des jeunes. Le système tout entier se trouve ainsi grippé, suspendu aux desiderata égoïstes des politiques qui tous lorgnent vers la métropole, épicentre du go et/ou no-go du développement économique.
La diaspora africaine finance pour ainsi dire la consommation des ménages mais plombe à son corps défendant tout développement du continent car créant et consolidant un assistanat néfaste à tout esprit d’initiative. Elle crée de véritables rentiers qui ne vivent que de cette manne venue d’Occident, palliatif douloureux à la carence de l’aide sociale étatique dans nos pays.
La participation de la diaspora à la campagne de stigmatisation de l’Afrique
Une branche non négligeable de la diaspora est vraiment nuisible à l’Afrique. Elle est composée de ceux des nôtres qui prêtent le flanc à la stigmatisation du continent comme étant l’enfer sur terre, la mère de tous les vices. Elle est beaucoup plus présente en Europe et aux Amériques et sa capacité de nuisance rencontre un écho favorable aux oreilles de ceux qui ne rêvent disposer que tels supporters endogènes. Elle est même encouragée en sous-mains par des politiques locaux pour nuire à dessein à des hommes politiques, non pas pour la restauration de la dignité de nos peuples, mais pour le renversement sans changement véritable d’individus à la tête des états.
Véritable agents du néocolonialisme, cette diaspora bénéficie de soutiens financiers, médiatiques et autres pour saboter toute tentative de renversement de paradigme. Cette branche de la Diaspora, victime de l’éternel bourreau, mais qui par cupidité ou par complicité volontaire, se laisse entraîner dans des combats à mille lieux des intérêts véritables du continent devient elle-même un puissant relais de l’entreprise de déstabilisation du continent. « Dictateur », « Bien mal acquis », « droits de l’homme », « maltraitance de la femme », « liberté de l’orientation sexuelle », voilà les thèmes sur laquelle cette diaspora donne de la voix et écume les médias pour stigmatiser tel ou tel dirigeant africain qui s’oppose un tant soit peu à l’occident.
Cette diaspora fait fi du racisme et des brimades qu’elle subit en Occident mais ouvre les yeux et donne de la voix lorsqu’il s’agit de quelques pays africains. Myopie volontaire ou intérêts pécuniers en vue. La réponse est vite trouvée. L’argent est leur moteur, peu importe qu’il soit distribué par le diable en personne.
Cette diaspora que l’on pourrait qualifier à juste titre de renégate, mérite au même titre que les colons ou les impérialistes d’être combattue avec la plus grande fermeté. L’histoire des autres peuples, et notamment du peuple algérien qui bannit les harkis de son sol pour cause d’alliance criminelle avec le colon français doit nous édifier et nous instruire. Aucun peuple n’a jamais célébré ses renégats.
Cher frère et sœur de la diaspora consciente, j’ose croire que tu es imprégné(é) des enjeux qui attendent le continent. Il ne s’agit nullement de faire peser sur tes frêles épaules le poids des responsabilités ni des tâches à accomplir pour sauver la mère de l’humanité. Je pense, chers miens, que le plus grand combat pour vous, et celui qui pourra porter des fruits palpables, est de vous situer du côté de ceux qui construisent nonobstant les failles des systèmes politiques. La non maitrise d’un tissu économique et industriel favorise la perpétuité des dirigeants africains contreproductifs soumis aux diktats des multinationales. Ainsi, salir, dénigrer et insulter l’Afrique ne constitue en rien une solution, même pas un début de solution mais plutôt jeter de l’huile sur le feu qui nous consume car vos propos et agissements alimentent la rhétorique nauséeuse de ces ONG qui ne cessent de construire des cabales contre vos propres pays.
Comment la diaspora peut-elle se rendre plus utile ?
L’Afrique francophone est aujourd’hui la zone du monde la plus mal gouvernée, cela ne se démontre plus. Elle souffre de son histoire coloniale et peine à se défaire du traumatisme dont les plus atteints sont ses élites politiques et intellectuelles. Mais, cela ne doit pas être pour la diaspora un justificatif pour ne jamais songer à apporter sa pierre à la construction de l’Afrique. Sur le continent se trouvent aujourd’hui des milliers de jeunes qui, avec le soutien financier d’une infime partie de la diaspora, se battent pour relever le défi. Alors, la Diaspora africaine doit se mettre du côté de ceux qui se battent, par la mise en place de fonds d’investissements capables de financer les micro-projets tant agricoles qu’industriels, à s’investir dans le vaste champ du recyclage des déchets ménagers et industriels, à explorer la filière de la production du biogaz, autre alternative aux dérivés du pétrole, etc…
Pour ce fait, nous avons mis sur pied un projet dénommé LE CLUB AFRIQUE VISION qui en son sein regroupe 10 autres projets révolutionnaires. Ici, nous invitons la diaspora de ne plus se tourner exclusivement vers la famille mais d’oser explorer l’innovation économique en soutenant LE CLUB AFRIQUE VISION. Si chaque membre de la diaspora africaine peut acquérir, dans la mesure du possible, une plantation pour contrecarrer les chinois, indiens, arabes et occidentaux qui accélèrent la spoliation de nos terres en Afrique, notre pays, du moins nos terres demeureront nos terres ancestrales, donc à nous.
Le retour des compétences est impératif car seul le savoir peut développer un peuple. Disposant des moyens, de la connaissance, des réseaux, la diaspora est au centre de la construction de ce continent et détient les clés de son avenir. Le CLUB AFRIQUE VISION est un projet que vous pouvez soutenir afin de nous permettre de mener une révolution économique, culturelle, intellectuelle, paradigmatique, politique… en quelques années sans violence ni manipulation.
Soutenez les projets en Afrique, donner chacun 1euro/mois, cela permettra à ceux qui se battent de mieux le faire sans avoir besoin des politiquent dont les actes ne servent jamais les intérêts du peuple.
EPILOGUE
Aucun peuple du monde ne s’est construit sans sa diaspora. Même si les politiques en Afrique francophone considèrent la diaspora comme une menace à cause de son émancipation et de sa lutte pour la justice, il revient à la diaspora de comprendre qu’elle ne se laissera jamais éteindre car l’Afrique est pour elle le socle de son existence. Nous qui sommes sur le continent et qui nous battons, avons besoin de cette diaspora pour son expérience, son aide et son accompagnement. Festoyer et dilapider le fruit d’un dur labeur ne constitue en rien une preuve de grandeur, d’aisance et encre moins de suffisance. Puissions-nous bâtir de nos mains des œuvres solides, intemporelles à l’exemple de ces pyramides égyptiennes de fière allure, alors nos enfants et les enfants de nos enfants diront avec solennité « il y eut sur cette terre africaine, de grands bâtisseurs dont nous sommes les dignes descendants ».
Recevez mes salutations les plus sincères, chers frères et sœurs de la diaspora africaine. Le combat pour notre liberté est ce qui me préoccupe le plus, et cette liberté ne viendra pas sans une économie endogène, sans la maitrise de la technologie et de la science fruit d’un système éducatif novateur. Cette liberté nous l’arracherons entre les mains des forces endogènes et exogènes qui créent et soutiennent les systèmes politiques mortifères. Votre rôle en tant que diaspora est central et vous ne s’aurez rester à l’écart de la renaissance africaine.
FOTSING NZODJOU, écrivains essayiste, coordonnateur panafricain du club Afrique vision, gardien des traditions ancestrales millénaires, militant de la cause africaine.
EMAIL : fotsingnzodjou@gmail.com . TEL : 00237 653 29 12 48
Puissent nos ancêtres nous montrer le chemin juste, la voie juste et les actes justes.
Yokadouma le 24/12/2017.