Le Forum de la paix et de la sécurité s’est achevé ce mardi à Dakar, où il s’était ouvert lundi, pour trouver des solutions aux problèmes sécuritaires de l’Afrique. Lors de cette dernière journée de l’évènement, les chefs d’Etat du Sénégal, du Mali, du Tchad, de la Mauritanie et le ministre français de la Défense, ont tous été unanimes pour affirmer que l’Afrique devait anticiper les crises et avoir une capacité de réaction rapide face au terrorisme qui gangrène le continent.
A Dakar,
Le Forum de la sécurité et de la paix en Afrique s’est achevé ce mardi à Dakar, en présence des chefs d’Etat du Tchad, Idriss Deby, de la Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, du Sénégal, Macky Sall, du Mali, Ibrahima Boubacar Keita, et du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ainsi que de l’ancien Président du Nigeria, Olusegun Obasanjo.
« L’Afrique doit avoir une force de réaction rapide »
Le Forum, qui s’est ouvert lundi, a permis de réfléchir sur les solutions qui pouvaient mettre un terme à l’insécurité grandissante qui menace le continent : terrorisme, piraterie, circulation des armes, trafics de drogue… « L’Afrique doit anticiper les crises et avoir une force de réaction rapide ». Cette phase, prononcée par le ministre français de la Défense, a recueilli un consensus de tous les chefs d’Etat africains présents. De même, les dirigeants sont unanimes pour affirmer qu’il est temps que le continent se dote d’une force continentale capable de faire face au terrorisme, qui plante ses germes dans toute l’Afrique.
Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité en… par afp
« Pas d’organisation régionale forte sans des Etats forts »
Mais la sécurité doit d’abord être assurée en interne pour chaque Etat, estime Jean-Yves Le Drian : « Il n’y pas d’organisation régionale forte sans au préalable des Etats forts. Cette priorité doit se refléter dans les choix des gouvernements africains. On doit nous assurer que la première marche de l’échelon nationale a été gravie ». Selon le Président tchadien Idriss Deby, « le terrorisme est un fléau, qui n’a pas de visage, qui n’a pas de nationalité, et qui n’épargne aucun pays. Il se nourrit de la situation socio-politique, d’une mauvaise interprétation de la religion, de l’histoire, de la misère », soulignant que l’absence de perspectives pour les jeunes, le chômage et bien d’autres facteurs concourent à la radicalisation et à l’extrémisme violent ».
Raison de plus pour souligner qu’il est d’autant « plus inacceptable que 54 pays ne puissent pas se doter de moyens pour se défendre, même pas 50 000 personnes à la portée du continent ! », déplore le Président sénégalais Macky Sall. Pour qu’une telle force soit mise en œuvre, il est urgent pour le Président malien Ibrahima Boubacar Keita de « réformer notre sécurité, de renforcer nos armées en matériels, en formation, et nous devons aussi réformer nos gouvernances, et mettre en œuvre des programmes sociaux politiques pour assurer l’éducation des femmes et jeunes ».
« Nous devons générer de l’emploi pour les jeunes »
L’ex- Président nigérian Olusegun Obasanjo a à son tour mis l’accent sur la souffrance des jeunes : « On ne peut pas ignorer la frustration des jeunes qui ont besoin d’emploi, vous êtes notre seul espoir vous ne pouvez pas nous laisser tomber ». Pour résoudre la problématique des jeunes, il faut une capacité africaine de réponse immédiate aux crises, estime pour sa part le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, qui s’est exprimé entièrement en arabe. « Nous devons impulser une dynamique de développement pour générer suffisamment d’emplois pour permettre une plus grande participation des jeunes », selon le dirigeant mauritanien. D’après lui, « l’Afrique est forte de ses innombrables ressources naturelles, elle doit éviter d’être une zone de consommation, et devenir une zone de production. Il faut qu’elle transforme sur place ses matières premières en produits finis dont elle a tant besoin. C’est à ce prix que l’employabilité des jeunes sera possible et le terrorisme et les trafics combattus de manière efficace ».
Tous les responsables qui se sont exprimés à la clôture de l’évènement ont été aussi en accord pour affirmer que la sécurité est une condition préalable au développement. Et que l’action militaire ne suffit pas à elle-seule, il faut y adjoindre des politiques de développement concrètes qui puissent améliorer les conditions de vie des populations.
Il s’agissait de la deuxième édition du Forum sur la paix et la sécurité. La première rencontre s’était tenue en décembre 2013, à l’Elysée, avec la participation d’une cinquantaine de chefs d’Etat africains.