C’est par une correspondance adressée aux hommes politiques que les évêques centrafricains ont fait connaître leur inquiétude par rapport à la présence intempestive des groupes armés, en particulier, à l’approche des élections présidentielles.
« Fais sortir mon peuple », tel est le titre d’une lettre pastorale rendue publique, dimanche 6 septembre 2020, par les évêques de la République centrafricaine. Une correspondance épistolaire à travers laquelle ils s’adressent aux acteurs politiques, à trois mois seulement des élections présidentielles et législatives. Ils s’inquiètent de l’omniprésence des groupes armés dans leur pays.
« Nous constatons, avec amertume, que 70% voire 80% de notre pays est encore occupé par des groupes armés dont certains des plus farouches leaders sont des mercenaires. Ils sont impliqués dans des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes environnementaux et des pillages à grande échelle de nos ressources minières », peut-on lire dans la correspondance rédigée par l’épiscopat centrafricain.
Des inquiétudes d’autant plus fondées que, depuis 2013, des groupes armés se sont très bien installés en Centrafrique où ils font la loi. L’économie politique du conflit et l’espace d’action largement ouvert expliquent, entre autres, cette prolifération d’armes et de groupes armés en Centrafrique.
Dans un espace politique caractérisé par l’extrême pauvreté et l’inversion du contrat social, le « business conflict model » des groupes armés est très attractif, y compris pour les acteurs politiques de Bangui et des communautés en quête de protection et de moyens de survie. C’est l’une des raisons principales qui font que l’écosystème des groupes armés reste fondamentalement ouvert en Centrafrique.