Le nouveau Monsieur météo de TF1, première chaîne française, est né à Madagascar. Un Noir qui présente le programme le plus regardé de la chaîne. Sébastien Folin, 31 ans, est, mine de rien, une petite tempête télévisuelle. Sans perturbation à l’horizon.
Côte pile : des boucles brunes en liberté, un look coloré, des lunettes noires très stylisées. Côte face : les cheveux sont plaqués, le costume sombre et les montures affinées. En un tour de main, Sébastien Folin, jovial fils de l’Océan Indien, devient le Monsieur météo de TF1. Depuis janvier 2001, les Français découvrent en sa compagnie – un week-end sur deux – les mystères de l’anticyclone des Açores. Six à dix jours par mois, c’est donc un Noir qui présente ce programme à la popularité jamais démentie. Une première en France.
« TF1 cherchait à remplacer Alain Gillot-Pétré. Ils connaissaient mon travail à la Réunion et m’ont contacté. J’ai hésité, mis six mois à me décider. Finalement, j’ai fait un essai et c’était parti ». Sébastien, natif de Madagascar, n’est pas un bleu. Il a passé neuf ans sur la chaîne privée Antenne Réunion, sur l’île du même nom, passant de la présentation d’émissions culturelles à la variété et à…la météo. « Engager un Noir, c’est dans l’air du temps. C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis là ». Dans cette chaîne où rien n’est laissé au hasard, la lucidité est de mise. « Me mettre à l’antenne sur la météo est une démarche avant-gardiste. Les chaînes mettent des ‘cautions’ de couleur mais souvent à des horaires indues ».
Le « ton » Folin
Sébastien Folin, alibi pour chaîne en mal d’image ? « Peut-être. Mais je présente tout de même le programme le plus regardé de TF1. C’est une démarche volontariste forte de la part d’une chaîne qui cherche à changer son image populiste et démagogique. Mettre un Beur ou un Noir dans une émission de variétés pour faire rigoler, ça passe. Mais la météo c’est de la vulgarisation scientifique. Qu’un Noir parle de choses sérieuses, c’est moins évident. Cela montre que les mentalités évoluent en France. Au milieu des années 80, Rachid Arab n’avait pas tenu deux semaines à la présentation du journal télévisé. Lorsqu’il est revenu au 13 heures il y a 4 ans, il n’y a pas eu la même levée de boucliers ».
Malgré le relookage – nécessaire pour ne pas focaliser l’attention du téléspectateur sur lui – Sébastien a su conserver sa personnalité. Le « ton » Folin participe au rajeunissement de l’antenne. « Ma présentation est plus ‘olé-olé’ même si je ne fais pas des choses trop fantaisistes. C’est surtout quand il fait beau que je me permets un peu d’humour », explique-t-il. Et ça marche. « Sinon, je ne serais déjà plus à l’antenne ! ». Le signe qui ne trompe pas : il vient de recevoir les cartes à son effigie. Et va donc pouvoir s’astreindre à répondre aux 400 missives reçues en un an. C’est peu au regard de ce que reçoivent ses collègues féminines mais c’est déjà une surprise. « Je n’ai pas reçu une seule lettre agressive. Je suis étonné car je ne m’attendais pas à ce que mon arrivée passe aussi bien. Il y avait un côté expérimental pour moi comme pour la chaîne ».
La radio comme un aimant
Facile d’être récupéré quand on est l’un des Noirs les plus visibles du Paf, mais Sébastien n’a jamais été contacté par SOS-Racisme ni par les défenseurs d’une politique de quotas dans les médias. « Ce qui n’est pas plus mal. Je suis pour qu’il y ait plus de minorités à l’écran mais il faut aller au-delà du simple rapport à la couleur. Il faudrait sortir du parisianisme. Par exemple, les accents sont toujours sujet à moquerie, qu’ils soient toulousain ou africain. Moi, j’ai un accent parisien et pas créole ».
Malgré ces débuts encourageants à la télévision française, le but du jeune Malgache n’est pas de se retrouver en prime-time. « Je ne suis pas carriériste, je prends les choses comme elles viennent. Au départ, je ne voulais pas spécialement faire de la télé. Et puis ça me démange de refaire de la radio ». Revenir à ses premières amours en somme, consommées alors qu’il avait 15 ans. « J’ai redoublé ma quatrième et un gars de ma classe m’a fait découvrir le monde de la radio ». Sébastien suit alors les cours d’un oeil distrait et discret, passant son temps libre sur les ondes. Il se fait la voix sur Radio arc-en-ciel, la radio de l’évêché, et enchaîne sur les autres fréquences de l’île. Il arrête ses études après le bac pour se consacrer à sa passion. De 96 à 98, il est même directeur d’antenne de NRJ qui vient de se lancer sur l’île.
Depuis qu’il est à Paris, Sébastien réalise en parallèle de sa prestation de Monsieur météo des clips, des pubs et même quelques émissions télé. Mais à 31 ans, il a gardé le rêve de ses 15 ans : finir sur une radio nationale. « Là, je sais que je serais arrivé à quelque chose de bien ». Amoureux de musique, comme il aime se définir, il se tournerait bien vers des programmes musicaux. Que peut-on lui souhaiter d’autre que « bon vent » ?