Le Ministre de l’Environnement et du Développement durable français, Jean-Louis Borloo, vient de confier à Fodé Sylla, membre du Conseil économique, social et environnemental français, ancien député européen, une mission de bons offices en direction des gouvernements africains, afin d’engager des concertations et des convergences pour préparer le Sommet de Copenhague sur le changement climatique. Enjeux et Problèmes, dans une interview exclusive.
Afrik : Jean-Louis Borloo vous confie une mission de bons offices en direction de l’Afrique pour la préparation de Copenhague ? De quoi s’agit-il ?
Fodé Sylla : En tant que membre du Conseil économique, social et environnemental, le Ministre me demande d’utiliser les contacts que j’ai noués avec les Ministres de l’Environnement africains lorsque Jean-Louis Borloo m’avait invité à l’accompagner à Ouagadougou pour le 7eme Forum Mondial du Développement Durable. A Ouagadougou les Africains ont commencé à arrêter leur position pour Copenhague et à Barcelone il y a 15 jours, ils ont claqué la porte aux discussions, parce qu’ils trouvent que la part consacrée à la réduction des gaz à effet de serre par les Pays du Nord est trop petite dans la négociation.
Afrik : Mais quelle est l’originalité de l’approche de Jean-Louis Borloo ?
Fodé Sylla : Jean-Louis Borloo a un dossier prioritaire : « Justice – Climat » est un programme qui doit permettre 100% d’accès à l’énergie pour les pays africains. On doit rompre avec la fameuse photo satellite du monde « vu de la nuit », où les zones développées sont lumineuses tandis que l’Afrique est le continent du noir absolu, sans aucune lumière artificielle… Pays par pays, des dossiers doivent être mis en avant, qu’il s’agisse de la forêt, du littoral, de la gestion de l’eau, du grand projet de « muraille verte ». Le travail réalisé par la France sur les enjeux environnementaux africains est considérable, avec une multitude de projets concrets. Tout un travail a été fait aussi en direction des partenaires européens afin de dégager des financements pour tous ces projets qui ont un effet environnemental direct. Il est nécessaire d’assurer à la fois accès à l’eau et à l’énergie, en Afrique.
Afrik : Très bien, mais est-ce qu’il ne s’agit pas encore tout simplement d’un ralliement d’un homme politique de gauche à l’équipe Sarkozy ?
Fodé Sylla : Pas du tout, je suis tout simplement dans le prolongement de mon combat pour le développement durable. Il s’agit de poursuivre mon combat humaniste pour résoudre les problèmes de civilisation auxquels nous sommes confrontés, et en particulier l’indispensable lutte contre la misère, la faim et le manque d’énergie. Je suis fier d’être une sorte d’ambassadeur de notre pays aux côtés des Africains pour que leurs options soient entendues, et que des objectifs significatifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre soient fixés et réalisés pour les Pays du Nord.
Afrik.com : La prochaine étape ?
Fodé Sylla : La prochaine étape, c’est la Conférence mondiale sur le Développement durable organisée par Les Ateliers de la Terre, à Deauville, la semaine prochaine, à laquelle les Ministres de l’Environnement du continent africain ont été conviés par Jean-Louis Borloo. Ainsi nous poursuivrons un dialogue de préparation pour la grande conférence mondiale de Copenhague sur le Climat. Cela doit être une nouvelle manière de dessiner la géopolitique mondiale afin de protéger l’avenir de la terre et de donner une plus grande place dans les choix internationaux aux intérêts des Pays du Sud, et d’abord de l’Afrique.