FMI et Sénégal : vers un nouveau départ après la révélation d’une dette cachée ?


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Macky Sall, Président du Sénégal
Macky Sall, Président du Sénégal

Le FMI conditionne la reprise du programme de 1,8 milliard d’euros au Sénégal à la transparence budgétaire. La révélation d’une dette cachée sous Macky Sall, estimée à 7 milliards de dollars, a suspendu les financements. Le rapport d’audit attendu pourrait tout relancer… ou tout bloquer.

Le FMI conditionne la reprise de son programme au Sénégal à la clarification des finances publiques. Les autorités sénégalaises doivent livrer un rapport d’audit dans les prochaines semaines. En jeu : un financement de 1,8 milliard d’euros suspendu depuis plusieurs mois.

Un programme suspendu dans l’attente de vérité

Depuis septembre dernier, le programme de soutien financier du Fonds monétaire international (FMI) au Sénégal, d’un montant de 1,8 milliard d’euros, est à l’arrêt. À l’origine de cette suspension : des “déclarations erronées” sur les chiffres officiels de la dette et du déficit public sous le régime de l’ex-président Macky Sall. La nouvelle administration dirigée par le président Bassirou Diomaye Faye avait alors révélé une “dette cachée” estimée à 7 milliards de dollars, jetant un froid dans les relations avec l’institution de Bretton Woods.

Lors de sa visite à Dakar, Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique du FMI, a souligné que toute discussion sur un nouveau programme financier dépendra de la remise du rapport d’audit des finances publiques actuellement en cours. “Avant de s’engager dans des négociations, nous devons comprendre clairement la réalité budgétaire du pays”, a-t-il déclaré. Le FMI attend du gouvernement sénégalais la communication des chiffres définitifs dans les prochaines semaines, pour lever les incertitudes liées aux années 2019-2023.

Des chiffres qui interrogent

Selon un rapport de la Cour des comptes sénégalaise publié en février, la dette publique réelle du pays atteindrait 99,67 % du PIB, bien au-delà des estimations précédentes. Le déficit budgétaire pour l’année 2023 aurait été de 12,3 %, contre 4,9 % annoncé auparavant. Une divergence majeure qui a provoqué une onde de choc dans les milieux financiers et internationaux. Le FMI insiste désormais sur la nécessité de “transparence budgétaire” et de “redevabilité”, deux priorités également affichées par le président Faye.

Malgré les turbulences, le dialogue entre Dakar et le FMI reste actif. M. Selassie a qualifié ses discussions avec les autorités sénégalaises de “constructives”. Il a rencontré le président Faye, ainsi que les ministres de l’Économie et des Finances. Tous ont évoqué les prochaines étapes pour remettre le pays sur les rails de la stabilité fiscale. Une délégation sénégalaise est attendue aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington, avec pour objectif d’avancer sur un nouveau programme de réformes.

Depuis son arrivée au pouvoir, le président Diomaye Faye ne cesse d’alerter sur la gravité de la situation financière héritée. En janvier, il évoquait un État “sans aucune marge de manœuvre budgétaire”. La découverte d’une dette dissimulée, associée à un déficit abyssal, renforce cette image. Pour autant, le Sénégal semble déterminé à tourner la page, en rétablissant la confiance des bailleurs et en restructurant en profondeur sa gouvernance économique. Le rapport d’audit pourrait bien être le point de bascule.

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