Floriculture au Kenya : entre prospérité et précarité


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Floriculture
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Le Kenya s’impose depuis des décennies comme un acteur majeur sur le marché mondial de la floriculture. Deuxième source de revenus agricoles du pays après le thé, la culture des fleurs, notamment les roses, participe de manière cruciale à l’économie kényane.

Toutefois, derrière cette réussite économique se cache une réalité sociale bien moins reluisante. Entre performances exceptionnelles et conditions de travail difficiles, ce secteur aux multiples facettes mérite une analyse approfondie.

Un secteur florissant en pleine croissance

La floriculture représente un pilier de l’économie kényane, avec une place stratégique sur le marché international. En 2024, le Kenya a déjà exporté 200 000 tonnes de fleurs coupées, et les prévisions laissent envisager un total record de 250 000 tonnes d’ici la fin de l’année. Le pays se classe en quatrième position mondiale, derrière les Pays-Bas, la Colombie et l’Équateur, en tant qu’exportateur de fleurs coupées. Cette demande croissante sur le marché mondial est stimulée par des périodes comme la Saint-Valentin. Elle continue de renforcer la position du Kenya dans ce secteur. En 2023, les exportations ont généré plus de 107,6 milliards de shillings (environ 834 millions de dollars), une somme colossale pour l’économie nationale.

Des emplois nombreux, mais précaires

Derrière ces chiffres impressionnants se cache un autre visage de la floriculture au Kenya. Ce sont les centaines de milliers de travailleurs qui œuvrent au quotidien dans des conditions difficiles. Plus de 200 000 personnes, majoritairement des femmes, travaillent dans ce secteur. Cependant, de nombreux travailleurs, se trouve contrainte de contracter des dettes pour subvenir aux besoins de sa famille. Même avec des journées de travail dépassant souvent les huit heures sans compensation, leur salaire reste insuffisant pour faire face à la crise du coût de la vie qui touche le pays. 

La face cachée d’une industrie à succès

Si la floriculture contribue fortement aux recettes du Kenya, l’envers du décor révèle des conditions de travail parfois insoutenables. Les objectifs de production sont souvent irréalistes, avec une pression constante pour atteindre des quotas. Anne, une ouvrière de Naivasha, est au même titre que ses collègues, soumise à des cadences infernales. Elle doit trier 3 700 tiges de fleurs par jour. Tout écart par rapport à cet objectif peut entraîner des sanctions, voire le licenciement. Les conditions de travail se caractérisent par un manque de droits et de protections pour les employés.

Un équilibre à trouver entre succès économique et justice sociale

Le secteur de la floriculture kényane montre que la prospérité économique peut parfois masquer des injustices sociales profondes. Alors que les revenus générés par l’exportation des fleurs continuent d’augmenter, il est primordial que des améliorations soient apportées aux conditions de travail des ouvriers de ce secteur. Pour que la floriculture reste un levier de développement durable, il est essentiel que les bénéfices soient partagés équitablement entre l’État, les entreprises et les travailleurs qui en sont les piliers.

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