L’équipe de France s’est inclinée aux tirs aux buts face à l’équipe d’Italie, en Finale de la Coupe du Monde de football, dimanche 9 juillet 2006, au terme d’un match très disputé. À retenir, l’expulsion de Zinedine Zidane, qui met un terme inattendu à sa carrière…
Du match, on retiendra peu de choses, sinon le pénalty magnifique par lequel Zinedine Zidane ouvre le score en faveur de la France, dans les premières minutes de la rencontre, et la tête de Materazzi qui égalise sur corner quelques minutes plus tard, alors que les joueurs italiens font peser une pression terrible sur la défense française.
On retiendra peu de choses, sinon la qualité des deux équipes, l’excellente défense de Lilian Thuram, la pugnacité retrouvée de l’équipe de France en deuxième période et pendant les 30 minutes de temps additionnel… Qui ne suffiront pas à permettre aux Bleus de prendre l’avantage.
D’où une fin de match à grand suspense, les tirs aux buts parvenant à départager les deux équipes finalistes, grâce à une maladresse de Trézeguet… dont le tir heurte la barre horizontale des cages du gardien italien. Les joueurs italiens, eux, ne rateront pas un seul pénalty. Fin de match stressante pour les deux équipes, donc, le sort ayant tranché finalement pour l’Italie… Au terme d’un match principalement dominé par les joueurs français.
Mais le geste fatal, le geste que l’histoire retiendra, c’est l’inexplicable faute de Zinedine Zidane, le héros du jour côté français, sur Marco Materazzi, l’autre héros du jour, côté italien cette fois. Un coup de tête délibéré, à froid, hors de la phase de jeu qui venait de se terminer et qui les avait opposés. Le ballon est déjà loin, l’action se poursuit à quelques dizaines de mètres, et Zidane, qui a fait quelques pas, s’arrête, se retourne et marche tout droit vers Materazzi, immobile, qui reçoit alors un violent coup de tête en pleine poitrine, et s’effondre, souffle coupé.
Geste délibéré, hostile, violent, perpétré de sang froid devant des centaines de milliers de spectateurs et des centaines de millions de téléspectateurs du monde entier. Un coup de tête qui vient mettre un point d’orgue stupéfiant à la carrière internationale du capitaine de l’équipe de France. Carton rouge. Zidane sort du terrain dans l’incompréhension générale.
Incompréhension de tous ceux qui admiraient son jeu, qui admiraient les valeurs qu’il avait toujours eu soin d’incarner. Brutale perte de contrôle de la part d’un des joueurs les plus équilibrés et les plus sereins de la planète.
Comme si Zidane avait voulu, à ce moment décisif de sa carrière, casser lui-même son propre mythe, détruire l’image parfaite et le portrait idéal que les journalistes de la presse française et internationale construisaient de lui depuis plusieurs années, et singulièrement depuis quelques jours.
« Il n’est pas de sauveur suprême, ni Dieu ni César ni tribun… » « Ni Footballeur », semble avoir voulu dire Zidane, au moment de déposer son fardeau.
Les hommes sont des hommes, et s’ils peuvent parfois réaliser des prouesses exceptionnelles, ils restent faillibles, imparfaits, humains. S’ils sont capables des plus grandes actions, c’est collectivement, tous ensemble, parce qu’ils en portent ensemble l’ambition et la réalisation. Mais un homme seul ne peut porter le succès d’une équipe, ni l’avenir d’une nation.
Telle est l’ultime, et douloureuse, leçon de Zidane, qu’elle soit volontaire ou involontaire, en cet ultime match de la Coupe du Monde 2006. Merci Zidane pour tout ce que tu as donné à cette équipe et football international. Et salut, mon frère, pour cette dernière leçon d’humilité.