Le film d’Abderrahmane Sissoko « Timbuktu » est finalement maintenu en compétition officielle au Fespaco. Une décision qui met fin à la vive polémique suite à l’annonce des organisateurs de l’évènement qui met à l’honneur le cinéma panafricain de déprogrammer Timbuktu pour officiellement des raisons sécuritaires.
Après avoir allumé l’incendie, le Fespaco vient de l’éteindre en annonçant le maintien du film d’Abderrahmane Sissoko Timbuktu en compétition officielle de sa 24ème édition. Les organisateurs avaient créé la polémique, défrayant la chronique, après avoir annoncé la déprogrammation du film pour, selon eux, des raisons sécuritaires. « En raison du contexte sécuritaire actuel en Afrique de l’Ouest, en proie aux islamistes de Boko Haram, ce film qui relate l’occupation de la ville aux 333 saints, situé au nord Mali, entre 2012 et 2013 par des djihadistes des groupes armés le comité d’organisation a décidé du retrait de Timbuktu de la compétition », avait déclaré la communication du festival. Le film était un des favoris de la compétition. Il a déjà été sacré sept fois lors des Césars.
Le ministre burkinabè de la Culture a finalement mis fin à la polémique, en annonçant ce vendredi que le « gouvernement du Burkina Faso a décidé de la diffusion de Timbuktu », a déclaré sans donner de raisons Jean-Claude Dioma, ministre burkinabè de la Culture, lors d’une conférence de presse, vendredi 27 février. « Mais pour accompagner cela, des mesures sécuritaires renforcées vont être prises », faisant état de « risques que les autorités avaient d’abord dû évaluer avant de trancher sur la projection du film ».
Timbuktu à la tête des César
Contre toute attente, le film d’Abderrahmane Sissako, qui retrace la vie quotidienne dans le nord du Mali a remporté sept trophées sur les huit en jeu aux César 2015. Timbuktu a notamment décroché les deux prix les plus prestigieux, donc les plus convoités. Il s’agit du prix du meilleur film et celui du meilleur réalisateur.
Abderrahmane Sissako, premier cinéaste d’Afrique noire à recevoir le César du meilleur réalisateur, avait confié que « la France est un pays magnifique, parce qu’elle est capable de se dresser contre l’horreur, contre la violence, l’obscurantisme (…). Il n’y a pas de choc des civilisations, ça n’existe pas. Il y a une rencontre des civilisations », remerciant « la France, pays extraordinaire, ouvert aux autres et la Mauritanie, qui a accepté de protéger son équipe ». Une victoire du cinéaste qui n’a pas été sans polémique, puisque quelques voix se sont élevés contre celui qui a notamment été conseiller du président mauritanien Ould Abdel Aziz.