Fin de l’Usaid : un tournant décisif pour la coopération États-Unis–Afrique


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Fin USAID

La fin brutale des financements de l’Usaid dans neuf pays africains, dont le Sénégal, cèlele changement d’approche dans la coopération États-Unis–Afrique. Cette décision, sans précédent, bouleverse les équilibres de l’aide internationale et fragilise des programmes vitaux dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’urgence humanitaire.

C’est un tournant sans précédent dans les relations entre Washington et plusieurs capitales africaines. L’Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid) a tout simplement rayé de la carte l’ensemble de ses financements pour neuf pays africains, dont le Sénégal, la Tunisie, le Maroc ou encore la Guinée. Derrière cette décision brutale, une réorientation stratégique de l’administration américaine qui bouleverse l’équilibre de l’aide internationale sur le continent. Le Sénégal, longtemps considéré comme un partenaire stable et fiable, en sort particulièrement affaibli.

Le Sénégal privé à 100 % de l’aide Usaid : une rupture brutale

Pour Dakar, la claque est aussi symbolique que concrète. Le pays perd 100 % des aides allouées par l’Usaid, qui finançaient jusque-là des programmes essentiels dans la santé, l’éducation, l’accès à l’eau ou encore la résilience climatique. Cette coupure nette intervient alors que le Sénégal se relève à peine d’une crise politique majeure, avec l’élection récente du président Bassirou Diomaye Faye. Le retrait américain complique considérablement les ambitions de développement du nouvel exécutif, alors que les attentes des populations sont immenses.

Neuf pays africains rayés de la carte de l’aide américaine

Aux côtés du Sénégal, huit autres pays africains subissent le même sort : la Guinée, la Sierra Leone, le Maroc, la Tunisie, la Mauritanie, la Gambie, les Comores et l’Eswatini. Tous voient la totalité de leurs financements Usaid supprimés. Cette décision, prise sans concertation, illustre un désengagement américain rapide et radical. Si certains de ces pays étaient déjà en proie à des fragilités économiques et sociales, cette absence soudaine de ressources internationales pourrait accentuer les crises en cours.

Au-delà des pays totalement exclus, les cinq États africains les plus durement frappés en termes de montants sont l’Éthiopie, la République démocratique du Congo, l’Ouganda, l’Afrique du Sud et le Kenya. À eux seuls, ils perdent plus d’un milliard de dollars d’aide cumulée. Dans des régions confrontées à des conflits, à des déplacements massifs de populations ou à une pauvreté chronique, cet effondrement du financement humanitaire fait craindre une aggravation rapide des urgences humanitaires, notamment pour les réfugiés et les déplacés internes.

Une réorientation stratégique qui inquiète les ONG

Le gel puis la suppression de 83 % des programmes de l’Usaid, initiés dès l’arrivée au pouvoir du nouveau président américain, inquiète les acteurs de terrain. Les ONG redoutent désormais de devoir « choisir entre les plus vulnérables des plus vulnérables », comme le souligne Médecins du Monde. Dans l’Est de la RDC par exemple, où les affrontements récents ont provoqué des déplacements massifs, les structures humanitaires sont déjà débordées. L’assèchement des financements pourrait rendre impossibles des interventions pourtant vitales.

Alors que l’Afrique affronte une série de chocs économiques, climatiques et politiques, le retrait brutal de l’un de ses partenaires historiques en matière d’aide au développement ne passe pas inaperçu. La décision américaine s’inscrit dans une redéfinition plus large de ses priorités diplomatiques et économiques, mais elle envoie un signal inquiétant à des pays qui peinent à financer leurs besoins les plus fondamentaux. Le désengagement de l’Usaid pourrait ainsi laisser le champ libre à d’autres acteurs, notamment la Chine ou la Russie, qui y voient l’opportunité de renforcer leur influence sur le continent.

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