Les chauffeurs de taxis de Bangui ont observé lundi une journée de grève pour manifester contre l’insécurité qui règne dans la capitale centrafricaine. Deux mois après la chute d’Ange Félix Patassé, le soulagement fait place à la colère, mettant l’autoproclamé président François Bozizé en face de ses responsabilités.
La capitale centrafricaine a été paralysée lundi par une grève des chauffeurs de taxis et de minibus. Ils entendaient manifester contre l’insécurité dans les rues de Bangui dont ils font chaque jour les frais dans l’exercice de leurs fonctions. L’état de grâce de l’autoproclamé président François Bozizé semble bel et bien terminé. Après la destitution, le 15 mars dernier, d’Ange Félix Patassé, les Centrafricains nourrissaient l’espoir de lendemains meilleurs. Deux mois plus tard, ils ne voient toujours rien venir. Si les partis politiques restent relativement discrets sur le sujet, la rue, elle, commence à donner de la voix.
Tous pointent du doigt les » ex-rebelles » du nouvel homme fort de Bangui qui ont aujourd’hui la fâcheuse tendance à se comporter comme de petits potentats. La grogne concerne surtout les mercenaires tchadiens venus prêter mais forte à l’actuel chef de l’Etat pour renverser le régime Patassé. La mobilisation des chauffeurs de taxis a coïncidé, lundi, avec une marche pacifique des avocats du barreau banguissois jusqu’au Palais de Justice pour des revendications similaires. « Depuis deux mois, les citoyens centrafricains, à Bangui comme dans les provinces, continuent de subir tous les jours des exactions, des humiliations, des rackets et des pillages de la part de certains éléments tchadiens et centrafricains incontrôlés », déploraient-ils samedi dans un communiqué.
Zones de non droit
S’il s’agit plus d’un message fort adressé à François Bozizé que d’une véritable fronde sociale, la grève de lundi est révélatrice d’un climat délétère. Le mouvement prévu pour 48 h n’aura duré qu’une seule journée. Les chauffeurs de taxi ont repris normalement leur service ce mardi. Suite aux engagements du chef de l’Etat quant au désarmement des ex-rebelles qui pour beaucoup ne valent pas mieux que les Banyamulengué (rebelles congolais de Jean-Pierre Bemba qui épaulaient défendre les hommes de Patassé).
L’arrière-pays semble encore plus mal loti que la capitale. Si l’on en juge les déclarations de Mgr Paulin Pomodimo, président de la Conférence épiscopale centrafricaine qui confiait à l’AFP ne pas pouvoir » donner l’ordre aux prêtres et aux religieux de regagner ces zones » tant qu’il n’avait pas » d’autorité » en face de lui. Le nouveau pouvoir a donc fort à faire pour se construire une véritable crédibilité nationale. Et la sécurité des citoyens est un minimum qu’il devrait être à même de pouvoir garantir.