Un accord de cessez-le-feu a été signé mardi dernier à Accra (Ghana) entre les deux fractions rebelles (le Lurd et le Model) et le président libérien Charles Taylor, sous la médiation de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest dirigée par l’ex-Président nigérian Abdulsalami Abubakar. Cette décision fait suite à la recrudescence des combats qui déchirent le pays depuis plusieurs mois.
Charles Taylor et les forces rebelles se sont mis d’accord sur un arrêt « définitif » des conflits interlibériens. Après deux semaines de pourparlers, les rebelles du groupe des Libériens Unis pour la Réconciliation et la Démocratie (Lurd) et ceux du Mouvement Démocratique Libérien (Model) ont décidé d’entreprendre des négociations dans trente jours pour engager le processus de paix. Mais ces futurs accords ne prévoient pas d’inclure le Président libérien dans les discussions. Sans toutefois enrayer définitivement la crise, cette trêve permet à la population et aux pays limitrophes d’espérer la paix à long terme.
Charles Taylor inculpé
Depuis plusieurs mois, le Lurd et le Model mènent des combats contre l’armée régulière du gouvernement de Charles Taylor et contrôlent déjà 12 des 15 provinces du pays. La population est sous le feu des soldats pro et anti-Taylor. Malgré l’arrêt provisoire des hostilités, les habitants de Monrovia (capitale du Liberia) hésitent encore à retourner chez eux par peur des représailles.
Les événements se sont accélérés lors de la mise en cause du Président libérien par le tribunal spécial de l’Onu (Organisation des Nations Unies) pour les crimes de guerre en Sierra Leone, conflit qui a fait des centaines de milliers de morts. Charles Taylor réclame l’immunité pour ces chefs d’accusations et promet, en échange, de trouver une entente avec ses adversaires. Mais le porte-parole de l’Onu, David Hecht, ne voit pas les choses ainsi. Dans Sud Quotidien, il répond aux propos de Taylor : » Il n’est pas possible de retirer l’inculpation car c’est une question d’ordre judiciaire qui ne relève pas de la politique « .
Futur incertain
Le Liberia accumule les conflits depuis plus de 20 ans. Premier pays indépendant d’Afrique en 1847, son avenir est plus qu’incertain. Les rebelles exigent que le président Taylor quitte le pouvoir durant l’arrêt des combats. Ils ne veulent en aucun cas négocier avec lui car ils estiment qu’il est le seul responsable du chaos qui règne au Liberia. Reste à savoir si l’intéressé répondra à cette requête. En effet, il n’envisage son départ qu’à la fin de son mandat prévu pour janvier 2004.
Epicentre des conflits en Afrique de l’Ouest, le Liberia est au bord de l’asphyxie. Ce n’est pas la première fois que des accords sont conclus pour mettre fin à la guerre. Selon David Parker, mandaté par l’Union Européenne pour venir en aide aux Libériens, « il faut une pression de la communauté internationale, en particulier des Etats-Unis, de l’Angleterre et de la France, pour qu’il y ait une réelle chance de paix « . Compte tenu des divergences importantes qui opposent les deux parties, on est en droit de se demander si le cessez-le-feu est un feu de paille.