Au Maroc, un député de l’Istiqlal a refusé de se rendre samedi 10 août à la cérémonie d’allégeance organisée par le Palais. Ce dernier a rejeté le fait de devoir se prosterner devant le souverain, Mohammed VI.
Cette année encore, la cérémonie d’allégeance (appelé aussi bayâa en arabe) au Roi Mohammed VI a été reportée en raison du Ramadan. Traditionnellement organisée le 30 juillet à l’occasion de la fête du Trône, date anniversaire de l’intronisation de Mohammed VI, elle a eu lieu cette année le 10 août à Rabat. Ce 14e anniversaire a été, comme chaque année, pointé du doigt par les caciques du régime qui dénoncent le fait de s’incliner devant le souverain pour lui prêter allégeance. Ils jugent cette pratique « humiliante ».
L’enceinte du Mechour du palais royal à Rabat affichait complet ce samedi 10 août. Près d’un millier de notables, d’élus et de membres du gouvernement marocain ont répondu présent à l’invitation. Il manquait toutefois certaines personnes à cette bayâa, à l’instar d’Adil Tchikitou, député de l’Istiqlal, le parti historique de l’indépendance et deuxième force politique du pays. Ce dernier a décliné l’invitation pour ne pas s’incliner devant le Roi.
Un trône fragile
Sur sa page Facebook, le jeune député écrit qu’il considère être dans son droit, en tant qu’individu, de refuser de se prosterner devant quiconque, et que personne n’avait le droit de l’exiger de lui. Il considère ne devoir s’incliner que pour Dieu. Ce refus témoigne de la fragilité du Palais dans un contexte où le Maroc baigne encore dans le scandale du Danielgate, ce pédophile espagnol, soupçonné d’appartenir aux services secrets irakiens, gracié à peine un an après son arrestation pour avoir violé 11 enfants au Maroc. La nouvelle a provoqué une onde de choc dans tout le royaume et dans le monde entier, obligeant Mohammed VI à revenir sur sa décision.
Adil Tchikitou précise que son choix ne reflète, cela dit, aucune animosité ou opposition au roi. Cette décision est « personnelle » et n’est en aucun cas une décision du parti auquel il appartient. Quoi qu’il en soit, son acte remet en question l’image attribuée au roi. Sous le règne d’Hassan II, un tel acte aurait été durement réprimé. Aujourd’hui, Mohammed VI ne semble plus être en position d’imposer à ses sujets de se prosterner devant lui, surtout au moment où sa côte de popularité est au plus bas.