Le Festival Taragalte 2012 a rassemblé de nombreux artistes d’Afrique et d’ailleurs, venus apporter leur grain de « sable » à M’Hamid el Ghizlane, dans le sud du Maroc. Reportage.
(De notre envoyé spécial)
Exceptionnel. Des « caravanes » de musique du désert et du monde on fait halte durant trois jours au festival Taragalte 2012. Du 9 au 11 novembre, le sable du désert de M’Hamid El Ghizlane, province de Zagora au sud du Maroc, a vibré au rythme de percussions et de voix impressionnantes. A cette occasion, quelque 300 personnes se sont donné rendez-vous sur les dunes. Le dépaysement est assuré. Les campements nomades et les dromadaires sont là pour le caractériser.
Initié par une jeune équipe de Marocains d’origine Nomade Saharienne, ce rassemblement éclectique permet de mettre en valeur le patrimoine du désert, d’œuvrer pour l’écologie et l’échange interculturel, ou encore de se remémorer l’époque du passage des caravanes dans le désert. La traversée des caravanes commerciales dans le Sahara, entre le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Mali (jusqu’aux années 70), a confirmé la place stratégique qu’occupe la localité de M’hamid : aux portes du Sahara. Cette notoriété se concrétise, en 1958, par la visite historique de Mohamed V, grand-père de Mohamed VI, actuel roi du Maroc.
« L’objectif de Taragalte est aussi de développer le « tourisme durable » », explique Halim Sbaï, l’organisateur du festival. « Dans cette région, il y a des ressources naturelles qui ne sont pas assez préservées. A M’Hamid, on a le sable et six oasis. Le but est de préserver ces oasis et la traversée des caravanes », poursuit-il.
Les femmes du désert
Cette année, les femmes étaient mises à l’honneur. A commencer par Oum, marraine de cette quatrième édition. Oum El Ghaït Ben Essahraoui est une célèbre chanteuse marocaine de 34 ans, originaire du Sahara. Une véritable étoile filante aux mille et un genres musicaux. Dans ses chansons, Oum rêve d’amour et de partage. C’est ce qu’elle a tenté de transmettre au public venu l’applaudir.
Des sonorités soul, hip-hop, jazz et disco, mêlées à un style hassani, ont transporté un public loin d’avoir déserté. Sa manière de s’habiller, un mélange entre modernité et tradition, exprime parfaitement l’ouverture d’esprit dont elle fait preuve. La chanteuse représente « la diversité »,comme elle le dit. Oum ne s’est pas fait prier pour accepter de participer à ce festival. « De tous les Sahara que j’ai visités au Maroc, c’est avec celui-ci [M’hamid] que j’ai eu une belle histoire », confie-t-elle.
Le Mali incontournable
Tartit est un groupe de musique Touareg du Mali composé principalement de femmes, originaires de la région de Tombouctou. Et même s’ils ont dû fuir leur pays, tous gardent l’espoir de voir un jour Taragalte (ancien nom de M’Hamid el Ghizlane) s’exporter vers Tombouctou, où sa présence serait tout aussi légitime qu’à M’Hamid. Un hommage tout particulier a été rendu à Tombouctou, « patrimoine de l’humanité ».
« Je suis Touareg, mais je suis aussi une Malienne. Je prie pour qu’un jour la paix revienne dans le Nord du Mali », espère Fadimata Walett Oumar, alias « disco », membre du groupe. Sur scène, le sourire et la voix transperçante de Tartit ont fait oublier un instant la guerre qui se prépare au Nord-Mali.
La Mauritanie envoûte M’Hamid
Noura Mint Seymali a été l’une des voix phares de cette nouvelle édition. Sa voix puissante se mêle avec subtilité aux instruments tels que la Kora, la batterie ou encore la guitare. La poésie qu’elle chante fait d’elle l’une des plus grandes cantatrices de son pays, la Mauritanie. C’est un public conquis qu’elle laisse derrière elle…
Les Gnawa étaient également au rendez-vous. Tout au long de l’évènement, ceux-là n’ont pas manqué une seule occasion de dévoiler leur talent. Même son de cloche du côté des Sahraouis et leurs fameux « chamra » (chants nomades, ndlr).
Des artistes comme Samba Touré, de Tombouctou, Nico Waynes Toussaint, un groupe français venu de Toulouse, et d’autres encore ont participé au Festival Taragalte 2012. « Avec ce festival, on a gagné beaucoup d’amis qui reviendront nous aider. Aujourd’hui, nous sommes dix, demain quinze et bientôt cent. C’est une grande famille qui se dessine maintenant », affirme l’organisateur. « Outre l’aide financière, dont 50% provient du gouverneur de Zagora, le soutien passe aussi et surtout par leur présence », conclut-il.
La pérennisation de Taragalte fait partie des objectifs de Halim Sbaï et de ses partenaires…