Festival international Nuits d’Afrique : « Cette édition a été un pari audacieux »


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Nuits d'Afrique
Nuits d'Afrique

En juillet 1987, M. Lamine Touré, président-fondateur du Festival International Nuits d’Afrique, lançait la première édition, au Club Balattou du boulevard Saint-Laurent, à Montréal, et démocratisait en Amérique du Nord cette richesse musicale venue d’Afrique, des Antilles et d’Amérique Latine. Durant 35 ans, ce rendez-vous culturel a joué un rôle de premier plan dans l’industrie musicale à l’échelle locale, nationale et internationale. 

De ce fait, du 6 au 18 juillet, ce festival a célébré son trente-cinquième anniversaire. Malgré la situation sanitaire marquée par la pandémie du Coronavirus, cette édition a été un moment inédit de partage et d’émotion autour de la culture africaine. Quel bilan retenir de cette édition du festival international Nuits d’Afrique, AFRIK a eu le privilège d’échanger avec Suzanne Rousseau, Directrice générale de ce festival. Ci-dessous, la substance de cet entretien.

AFRIK : Cette année marque la 35e Edition du festival international Nuits d’Afrique, au passage que devons-nous retenir de ces 35 années d’ambiances, de rencontres et de promotion de la créativité africaine ?

 Suzanne Rousseau : Pour nous, il est important de soutenir, promouvoir et diffuser les artistes et créateurs en musique du monde sur la scène nationale et internationale. De ce fait, nous avons offert une vitrine exceptionnelle aux artistes de la diversité culturelle d’ici et les avons accompagnés dans le développement de leur carrière. On y retrouve ces artistes, aujourd’hui devenus des légendes. Le Festival a été une porte d’entrée en Amérique du Nord pour eux.

Cette Edition a été perturbée par la situation sanitaire marquée par la pandémie, en tant qu’organisatrice, quel bilan faites-vous à l’issue de cette 35e Edition du festival ?

Avec la situation sanitaire, nous avons dû adapter nos projets et notre organisation, et ce, tout au long de l’année. Notre objectif principal est toujours resté intact : Continuer à faire rayonner nos artistes, ici et à l’international, en proposant des événements artistiques et culturels rassembleurs autour des cultures d’Afrique, d’Amérique Latine et des Antilles.

Cette 35e édition a été un pari audacieux que nous avons remporté haut la main, avec fierté ! Émotions, sourires, surprises et applaudissements étaient au rendez-vous pour célébrer cet anniversaire bien spécial. Que ce soit en salle, en plein air ou en webdiffusion, les artistes et le public ont répondu présents avec enthousiasme. Quel plaisir ce fut pour nous de retrouver les festivaliers dans cette ambiance de fête.

Cette édition particulière a révélé notre capacité à s’adapter à de nombreuses contraintes. Tout en accentuant notre volonté première de proposer des événements rassembleurs de grande qualité artistique et humaine, toute l’équipe a, sans relâche, construit un projet novateur et exceptionnel. Je suis non seulement satisfaite, mais également admirative du travail effectué par chacun de nous pour insuffler une nouvelle dynamique à cette édition si particulière.

Concerts en salle

Sur les 18 concerts présentés en salle, 15 ont été présentés à guichet fermé. Voici une preuve tangible que le public avait hâte de voir, entendre et applaudir la centaine d’artistes des musiques du monde, qui ont offert des performances exceptionnelles, au National, au ministère et au Club Balattou.

En plein air

Des activités en plein air attendaient les festivaliers. Pendant six jours, chaque jour, au Parterre du Quartier des spectacles, au centre-ville de Montréal, l’achalandage a atteint sa pleine capacité sur le site baigné d’une atmosphère conviviale avec des sonorités d’Afrique, d’Amérique Latine et des Antilles. Avec nos 2 cabarets, Cabaret Nuits d’Afrique et Cabaret Tombouctou, les festivaliers ont pu faire un tour du monde avec 37 artistes issus de 23 pays, grâce à 42 représentations, animations et démonstrations. Les gens avaient l’impression de se retrouver en famille.

Chaque soir, de 21 h à 23 h, ont été projetés sur la façade de la Maison symphonique un spectacle son et lumière, un Grand Concert Nuits d’Afrique et un feu roulant des moments forts des 35 années du Festival. Un voyage féérique au-delà du temps et de l’espace que les festivaliers ont adoré. Quel plaisir de se retrouver en famille ou entre amis, en plein air, après tout ce temps, dans une ambiance festive qui propose un tour du monde en musique, ont fait valoir les festivaliers.

En webdiffusion 

La fête n’aurait pas été complète sans une présence de l’international. Spectacles exclusifs à déploiement exceptionnel, les soirées d’ouverture et de clôture ont redonné vie aux performances marquantes des artistes internationaux, à travers les trois décennies du Festival. La soirée d’ouverture, Le Bal de l’Afrique Enchantée – spécial anniversaire, captée au Studio de l’Ermitage à Paris et présentée sur Facebook Live Nuits d’Afrique le 6 juillet, a rejoint près de 66 000 personnes.

Quant à la soirée de clôture, Nuits d’Afrique a voulu partager des moments marquants de ces 35 ans et mettre en lumière, 12 artistes internationaux de grand talent, qui ont été des coups de cœur irrésistibles pour le public, de 1999 à 2015. Bien que le décompte ne soit pas complet, ce spectacle a réuni 26 000 personnes à ce jour.

Quelles ont été les innovations de cette 35e Edition ? 

Pour nous, cette 35e édition a été une éclatante réussite à tous les niveaux. Adaptation, résilience et innovation. Le festival a dû adapter l’aménagement de son site extérieur afin de respecter les nombreuses contraintes actuelles.

Que ce soit à travers les 2 cabarets, Nuits d’Afrique et Tombouctou, les projections monumentales et l’aménagement général du site (Entrées, sorties, jauge limitée), cette édition fut marquée par notre volonté à proposer un événement grandiose tout en répondant aux conditions hors normes et exceptionnelles de la situation sanitaire actuelle.  Nous avons aménagé le site extérieur par de nouvelles structures géantes spécialement conçues pour Nuits d’Afrique. Ces structures s’harmonisaient gracieusement aux projections son et lumière sur la façade de la Maison symphonique. Dû à la fermeture des frontières et en l’absence de la Grande Scène où se produisaient régulièrement des artistes internationaux, nous avons dû adapter la direction artistique. En extérieur, les spectacles de cette Grande Scène ont été remplacés par des projections monumentales impressionnantes et avant-gardistes, tous les soirs, de 21 h à 23 h.

À ces projections, nous avons ajouté un deuxième cabaret proposant de nombreux spectacles acoustiques et animations et des projections monumentales. De plus, à travers 2 webdiffusions majeures pour les soirées d’ouverture et de clôture, nous avons maintenu la dimension « internationale » de notre Festival. Ce qui a permis à des milliers de personnes, à travers le monde, de profiter et de participer à cette 35e édition.

Outre la pandémie, quels sont d’autres défis auxquels cette édition a fait face ? 

Tout en respectant les restrictions sanitaires, toujours changeantes et évolutives au cours de cette période, nous avons dû faire face à de nombreux défis. Nous avons travaillé à proposer une édition anniversaire adaptée, innovante et de qualité avec la crainte constante d’une annulation de dernière minute. Cependant, la volonté de continuer et de rester présent dans le cœur du public et de nos artistes n’a cessé de nous animer durant cette période.

Malgré les difficultés et les craintes d’une annulation, nous avons décidé de proposer des spectacles en salle et à l’extérieur devant public. Malgré la limitation des places disponibles, le succès fut au rendez-vous. La majorité de nos spectacles se sont déroulés à guichet fermé.

L’aménagement de la portion extérieure du Festival a été réorganisé de nombreuses fois, et ce, jusqu’au dernier jour de préparation. Que ce soit la scénographie, l’agencement des cabarets, l’aménagement des entrées et sorties… tout a dû être repensé et adapté par nos équipes. Le Parterre du Quartier des spectacles a également atteint, chaque jour, sa capacité maximale. Preuve que le public attendait avec impatience le retour du festival. De plus, à cause de la fermeture des frontières, nous avons dû adapter la programmation. Pour les concerts en salle, le nombre restreint de places nous a obligés à refuser de nombreuses personnes. Mais tous ont compris qu’il s’agissait d’une situation exceptionnelle.

Après la clôture de cette édition, la 36e a été annoncée pour le mois de juillet 2022, d’une manière brève, à quoi devons-nous nous attendre en termes d’innovation pour la prochaine édition ?

L’année prochaine, nous espérons pouvoir proposer une édition dans des conditions optimales d’accueil de public. Nous avons pour ambition d’augmenter la taille de la partie extérieure du Festival. En plus du Parterre du Quartier des spectacles, le Festival investira l’Esplanade Tranquille, et proposera 2 grandes scènes pour nos artistes internationaux.

De plus, le grand marché, point de vie et de rencontre majeur du Festival, composé de nombreux artisans et commerçants, devrait revoir le jour l’année prochaine. Fort du succès des concerts de cette édition, les spectacles dans plusieurs salles de Montréal seront également reconduits, l’année prochaine. Nous espérons retrouver également nos artistes de renommée internationale et proposer une programmation riche, variée et de grande qualité artistique. La captation en live d’une dizaine de spectacles qui seront diffusés sur le web à l’automne permettra de maintenir ce lien si important pour nous, entre notre public, d’ici et de l’international, et nos artistes.

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