Béninois, Maliens, Togolais, Burkinabès, Sénégalais… se sont donnés rendez-vous pour une semaine de représentations, du 1er au 7 décembre, dans la ville malienne de Sikasso. Au programme du Festival du théâtre des réalités 2010: pièces de théâtre, contes, conférences, concerts et projections de films sur le thème « Dépendances et Indépendance ». A l’heure du cinquantenaire, les artistes dressent leur propre bilan et le font partager à leur public.
« Attention, regarder une pièce de théâtre peut provoquer de graves révolutions ». Ce slogan est estampillé sur l’affiche du festival du théâtre des réalités comme un avertissement. Le public sikassois est prévenu. Organisé par Acte 7 (Acte de sensibilisation, Education et Promotion théâtrale), l’association a choisi pour son dixième anniversaire d’évoquer le cinquantenaire des Indépendances. Les artistes, à l’instar des dirigeants africains, s’invitent dans le débat et reviennent sur les relations post-coloniales. « En Afrique, il y a un important déficit d’imagination. La population est dans l’ impossibilité de se départir du modèle qu’on (les anciennes puissances coloniales) a voulu lui imposer. Les artistes sont là pour casser ce schéma », explique le président d’Acte 7, Adama Traoré.
Démocratiser les arts de rue
Dans le contexte de décentralisation, le festival s’est tenu pour la première fois à Sikasso, à 400 km au sud de Bamako. Une manière d’ouvrir la culture à tous, loin de la capitale malienne. Située à la croisée du Burkina Faso, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire, cette ville du fait de sa position géographique espère devenir la nouvelle capitale culturelle du Mali. En attendant, la population sikassoise profite des divers spectacles gratuits qui s’offrent à elle : concerts, films, conférences, expositions photographiques. Parmi les artistes présents, le groupe de musique béninois H20, la troupe malienne Afrik’Art Réveil et le conteur burkinabè « KPG ». Un melting pot réussi qui marquera sans doute, pour longtemps, les esprits.