Festival d’Alexandrie : un film marocain crée la polémique


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Whatever Lola Wants a été rayé de l’affiche du Festival du film d’Alexandrie qui ouvre ses portes ce mardi en Egypte (26 au 31 août 2008). Le film devait ouvrir ce soir le rendez-vous égyptien du cinéma. La peinture faite de l’Egypte aurait déplu à une figure importante du cinéma national. La 24e édition du festival égyptien célèbre pourtant le cinquantenaire du cinéma marocain et la mémoire du plus célèbre des réalisateurs égyptiens, Youssef Chahine.

On ne verra pas ce soir Whatever Lola Wants à la cérémonie d’ouverture de la 24e édition du Festival du film d’Alexandrie qui se tient du 26 au 31 août. Le film du réalisateur marocain Nabil Ayouch a été remplacé au dernier moment par le long métrage égyptien Baisers volés en compétition. Raison évoquée par l’organisation : Whatever Lola Wants aurait déjà été projeté à de nombreuses occasions. Le cinéaste marocain a estimé que cette décision constituait « un dangereux précédent », selon l’agence de presse marocaine, MAP. « C’est dommage et injuste », a-t-il également déclaré selon Salma Chafii, la distributrice du film au Maroc.

Outre l’hommage rendu à Youssef Chahine, ardent défenseur de la liberté d’expression, le festival d’Alexandrie célèbre aussi le cinquantenaire du cinéma marocain. A travers notamment l’actrice Touriya Jabrane Kryatif, ministre marocaine de la Culture. Elle est l’unique actrice du monde arabe à avoir un tel parcours. Deux de ses films, Argana du réalisateur Hassan Ghanja et Oud Lward de Lahcen Zinoun seront projetés pendant le festival. Parmi les autres productions marocaines, figure Les jardins de Samira de Latif Lahlou en sélection officielle. Une dizaine d’œuvres du Royaume chérifien devraient être également présentée dans une section spéciale du dénommée « Panorama des films marocains récents ».

Réclamé puis écarté par le Festival du film d’Alexandrie

« Whatever Lola Wants a été choisi depuis plus d’un mois, explique Salma Chafii. C’est eux (le festival d’Alexandrie, ndlr) qui ont fait appel à nous. Ils avaient déjà envoyé les invitations officielles à tout le staff du film. Puis jeudi dernier, je reçois un coup de fil de la présidente du festival, Iris Nadhmi. Elle me dit qu’elle a vu le film il y a deux jours et qu’il ne sera plus projeté à l’ouverture de la manifestation. Bien évidemment, le film avait déjà été visionné par l’organisation du festival. Lors de la conférence de presse du lancement du festival, le 18 août dernier, on a encore chanté les louages et confirmé la projection mardi de Whatever Lola Wants». L’affaire a été portée sur la place publique par la production du long métrage, inquiète de ne pas voir le festival d’Alexandrie confirmer la déprogrammation du film.

A l’origine de la cabale contre le film marocain, selon Salma Chafii, le célèbre comédien égyptien Mahmoud Yacine. « Il a vu le film à Dubaï lors de son avant-première mondiale en décembre 2007. Il ne l’a pas apprécié. L’acteur a contacté le président de l’association des écrivains et critiques de cinéma égyptiens, qui organise le festival d’Alexandrie, pour lui expliquer que ce film ne devait être diffusé dans aucun festival égyptien. Motif avancé : Whatever Lola Wants dénigrerait l’image de l’homme égyptien. Par ailleurs, Mahmoud Yacine n’est autre que le producteur de Baisers volés

Une mise au rebut orchestrée par un comédien égyptien

Le film de Nabil Ayouch traite des pérégrinations amoureuses de Lola, un jeune Américaine, passionnée de danse orientale. Son personnage, pont entre l’Occident et l’Orient, tombe sous le charme d’un Egyptien. Lola le suivra dans son pays. Là-bas, elle découvre que le jeune homme moderne qu’elle a connu aux Etats-Unis s’est transformé en esprit rétrograde. A l’image d’une société égyptienne, puritaine et intolérante : la bonne société cairote a banni la reine de la danse orientale, devenue le mentor de Lola, pour adultère. La troisième figure égyptienne importante du film n’est autre qu’un homosexuel, le meilleur ami de Lola à qui elle doit d’avoir découvert la danse orientale et sa star égyptienne. L’homosexualité est un tabou en Egypte, comme l’a si bien décrit dans L’immeuble Yacoubian le célèbre écrivain égyptien Alaa El Aswany. Sa réflexion sur la transformation d’une société, reconnue comme ouverte et moderne, en l’espace de 50 ans, en modèle d’intolérance a été d’ailleurs adaptée au cinéma par Marwan Hamed. Si le livre est passé à travers les mailles de la tristement célèbre censure égyptienne, le long métrage éponyme a été beaucoup moins chanceux.

Selon Nabil Ayouch, rien dans son film ne vient nuire à l’image de l’Egypte. Au contraire, rapporte la MAP, son film, du sentiment de plusieurs cinéastes égyptiens, « reflète une image authentique de leur pays ». Quant à Whatever Lola Wants, déjà acheté par un distributeur égyptien, il devrait sortir après le Ramadan dans le pays. « Nous ne pensons pas que la polémique aura une quelconque incidence sur cette sortie, affirme confiante Salma Chafii. Au contraire, l’expérience l’a prouvé, c’est une bonne publicité pour le film. »

A Alexandrie, une dizaine de films sont en compétition et le jury du festival est présidé par le directeur photo italien Marco Onorato.

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