Festival Black Movie, le « Hollywood » du cinéma d’auteur


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Capitaine Thomas Sankara, de Christophe Cupelin

Un cinéma d’auteur, novateur et décomplexé. Le festival « Black Movie », en Suisse, propose pendant dix jours une programmation cinématographique qui va à l’opposé de la tendance générale.

Loin des cinémas uniformisés, « Black Movie » regroupera du 18 au 27 janvier prochain, à Genève, des talents émergents et des cinéastes confirmés venus des quatre coins de la planète. De l’Argentine à la Bulgarie, en passant par le Congo et le Kenya, « Black Movie » est un important melting-pot cinématographie. Au total, 53 films seront diffusés aux cinémas des Grütli, à Genève, dont une quarantaine encore inédits.

« Black movie, comme d’autres évènements, a contribué à changer radicalement le cinéma », explique Maria Watzlawick, directrice et programmatrice du festival. « Un vrai travail de fond a été réalisé pour montrer qu’en dehors du cinéma américain ou français il y a plein d’autres choses qui se passent dans le monde et qui ont de la valeur », ajoute-elle.

Sortir des sentiers battus

Crée il y a maintenant 20 ans, le festival était originellement dédié aux arts pluridisciplinaires, tournés principalement vers l’Afrique. D’où le nom « Black Movie ». En 1999, Maria Watzlawick et Kate Reidy reprennent ensemble les rênes du festival et décident d’en faire un rendez-vous purement cinématographique. « Je viens du cinéma, j’étais spectatrice du festival « Black Movie » et de fil en aiguille l’ancienne directrice nous a demandé de reprendre la direction du festival. Nous avons accepté et très vite nous l’avons orienté vers le cinéma et ouvert à d’autres pays », argue Maria.

La règle première de ce festival est claire : sélectionner les meilleurs films. « Black Movie » entend, cette année encore, diffuser « d’excellents films ». « On ne montre pas assez de films de bonne qualité », relève Maria. « Il faut continuer à être curieux et bien vendre ses films. » Ce que dénoncent les directrices, c’est l’économie de marché, avec à sa tête les Etats-Unis, dans lequel le cinéma a été littéralement plongé. « Aux Etats-unis, le cinéma est un commerce et non une œuvre d’art », regrette-t-elle.

Le Petit Black Movie fait son cinéma

Dédié au jeune public, le « Petit Black Movie » fête cette année ses 8 ans. Un « voyage ludique » à travers une programmation de 45 films et l’organisation de divers ateliers d’initiation liés à la fabrication d’images. Le but ? Eveiller « la soif d’apprendre tout en stimulant les zygomatiques », susciter l’intérêt des plus jeunes et les inviter à s’évader et à explorer le 7e art. Il s’agit là d’un rendez-vous donné à tous les cinéphiles en herbe.

Le festival « Black Movie » à cette année encore l’intention de redorer le blason, parfois en perte, du cinéma. Le défi est de taille, plus de 20 000 festivaliers sont attendus…

Site Internet du festival « Black Movie » 2013 : blackmovie.ch

Les films africains à l’affiche :

 Nairobi Half Life, de Tosh Gitonga (Kenya, Allemagne)

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« Débarquant dans la capitale, Mwas rêve des feux de la rampe mais se fait dépouiller intégralement. Grâce à une volonté de fer et à son bagout exceptionnel, Mwas va s’associer à des petites frappes tout en réussissant à entrer dans une troupe de théâtre. Lorsqu’il sera forcé de choisir entre les deux, Mwas n’hésitera pas longtemps… Premier film kenyan en course pour les oscars, Nairobi Half Life met en scène dans une forme documentée et efficace la vie de débrouille des modestes dans la capitale-pieuvre. »

 Espoir voyage, de Miche K Zongo (Burkina Faso, France)

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« Dans ce road-movie sensible entre Koudougou et la Côte d’Ivoire, Michel K. Zongo donne la parole aux migrants qu’il croise, et les questions fusent : pourquoi parfois on ne revient pas ? Comment pensent-ils à ceux restés au village ? Quel sens donnent-ils à la famille ? Remontant le parcours de son frère, Michel K. Zongo nous offre une réflexion qui va bien au-delà de sa propre histoire. »

 Les chevaux de Dieu, de Nabil Ayouch (Maroc, France, Belgique)

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« Yacine vit dans l’ombre de son frère Hamid, connu comme le loup blanc dans le quartier. Ses nombreux larcins permettent de faire vivre toute sa famille. A sa sortie de prison des années plus tard, Hamid a complètement changé et va entraîner son petit frère dans sa chimère islamiste. Sur un mode romantique et poignant, Nabil Ayouch s’est inspiré des attentats commis à Casablanca en avril 2003, commis par 30 jeunes martyrs venant tous du même quartier défavorisé de la ville. » Film présenté dans la catégorie « Un certain regard » au Festival de Cannes 2012.

 Empire of Duts, de Bram Van Paesschen (Congo, Belgique)

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« Eddy est un interprète congolais employé par une grosse compagnie chinoise qui vient construire des routes en République Démocratique du Congo. Accompagnant le responsable logistique Lao Yang dans ses démarches, il se retrouve à traduire bien plus que les mots. Ce film puissant et drôle met en lumière la comédie parfois cruelle des relations entre nouveaux conquérants et anciens colonisés et la montée en puissance inéluctable de l’Empire du Milieu en Afrique. »

 Amanhecer a andar, de Silvia Firmino (Mozambique, Portugal)

« Le grand Grand Hotel Da Beira se dresse au milieu de nulle part. Loin de sa vocation première, il abrite désormais des marchands, des religieux et des familles qui se partagent l’espace autrefois luxueux dont ils ont fait leur village. Regard élégant et insolite sur l’urbanisme version sauvage. »

 Kinshasa Kids, de Marc-Henri Wajnberg (République démocratique du Congo, Belgique, France)

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« Huit enfants chassés par leurs familles se serrent les coudes sur les trottoirs de Kinshasa. Un musicien mythomane rêve de jouer aux côtés du grand Papa Wemba mais rate son car. Une tôlière violoniste fait sa loi dans un coin de rue transformé en restaurant. Un vendeur d’aphrodisiaques estropié est partout attendu comme le messie.Ces personnages hauts en couleur habitent cette fiction polymorphe et chorale dans laquelle Wajnberg se permet toutes les audaces formelles, glissant du documentaire à l’animation avec une belle spontanéité. »

 Aujourd’hui, d’Alain Gomis (Sénégal, France)

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« Conte initiatique et philosophique sur la vie et la mort, et porté de bout en bout par le slammeur Saul Williams, lâché dans un monde qui lui paraît soudain inaccessible et à la fois jamais aussi limpide. » Une projection exceptionnelle sera donnée lors d’un ciné-concert, mis en musique par Saul Williams lui-même.

 Capitaine Thomas Sankara, de Christophe Cupelin (Suisse, Burkina Faso)

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« Thomas Sankara est mort assassiné en 1987, trahi par son bras droit, l’actuel président du Burkina Faso, Blaise Compaoré. Dès le lendemain de son décès, toutes traces de son existence sont dissimulées, y compris son corps. Grâce à un travail passionné de collecte d’archives, Christophe Cupelin ressuscite avec flamboyance et ironie le destin de l’un des plus importants leaders africains du XXème siècle. Président autoritaire et charismatique, parti en croisade contre la dette, pour l’émancipation des femmes ou pour l’autosuffisance alimentaire, il n’hésitait pas à dire leurs quatre vérités aux plus grands dirigeants du monde. Ou, selon ses propres termes : A bas les caméléons équilibristes ! A bas les chacals affamés ! A bas les renards terrorisés ! »

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