La 22e édition du Fespaco a refermé ses portes en distinguant le cinéma marocain. Pégase de Mohamed Mouftakir a décroché ce samedi l’Etalon d’or de Yennenga.
De notre envoyée spéciale
D’un cheval à un autre. Le jury de la 22e édition du Festival panafricain du cinéma (Fespaco) a récompensé ce samedi le film du Marocain Mohamed Mouftakir, Pégase. Pour le cinéaste, ce prix vient confirmer « le décollage et l’éclosion» du cinéma au Royaume chérifien. Son thriller psychologique raconte l’histoire d’une jeune femme, élevée comme un homme par son père dans le culte d’un Seigneur du cheval. A travers une vaste métaphore et une complexe mise en scène, le cinéaste marocain dénonce une société patriarcale qui oppresse les femmes et évoque le drame de l’inceste. Film noir dans son propos et dans sa forme, Pégase repart également avec le prix du meilleur son. L’Etalon d’argent est revenu à Un homme qui crie du Tchadien Mahamat Saleh Aroun, prix du jury au festival de Cannes et grand favori du Fespaco 2011. Le mec idéal de l’Ivoirien Owell Brown, une comédie romantique aux allures de téléfim, qui a charmé le public burkinabè, repart avec l’Etalon de bronze.
Un palmarès fourre-tout
Samia Meziane, l’actrice principale de Voyage à Alger d’Abelkrim Bahloul, également meilleur scénario, s’est vue décerné le prix de la meilleure interprétation féminine. Le comédien – réalisateur Sylvestre Amoussou décroche son équivalent masculin. Un choix discutable et surprenant du jury, qui semble-t-il, a voulu contenter tous les compétiteurs. Résultat : un palmarès inégal et déroutant mais qui consacre le dynamisme du cinéma maghrébin : l’Algérie et le Maroc repartent respectivement avec deux prix. Le meilleur court métrage africain est aussi algérien : Garagouz d’Abdenour Zahzah (qui a notamment travaillé sur le documentaire Un parcours algérien d’Hervé Bourges). Côté musique, le musicien Wasis Diop a été distingué pour sa participation à trois films – Un homme qui crie, Un pas en avant – Les Dessous de la corruption de Sylvestre Amoussou et En attendant le vote… du Burkinabè Missa Hebié les deux films égyptiens, The wedding d’Abdel Aziz Sameh et Raconte Sheherazade raconte de Yousry Nasrallah, ont été écartés de la sélection, pour, semble-t-il, des questions de format. De même que Foreign demons et Restless city, qui n’ont pu être vus. Ce sont donc 14 films qui ont été finalement jugés. Notre étrangère de la réalisatrice franco-burkinabè Sarah Bouyain, seule femme en compétition officielle dans la catégorie long métrage, a été distinguée par le prix Oumarou Ganda de la première œuvre et reçu le prix de l’Union européenne. Réflexion sur le métissage et l’identité, cette unanimité apporte une rassurante cohérence à un palmarès qui laisse perplexe quant aux objectifs que le cinéma africain, du moins vu de Ouagadougou, souhaite atteindre.
Le palmarès sur le site du Fespaco