Fermeture du MCC : Washington se retire de la bataille des infrastructures en Afrique


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MCC Millennium Challenge Corporation
MCC Millennium Challenge Corporation

Le Millennium Challenge Corporation (MCC), l’un des principaux leviers de l’aide américaine au développement des infrastructures en Afrique, tire sa révérence. Créée en 2004 sous l’administration de George W. Bush, cette agence a injecté plus de 17 milliards de dollars sur le continent. Elle a financé routes, réseaux électriques et projets d’irrigation. Mais sous l’impulsion de Donald Trump, les États-Unis tournent la page.

Une décision aux conséquences lourdes, à la fois pour les projets en cours et pour la position stratégique de Washington face à l’influence grandissante de la Chine en Afrique.

Une décision politique lourde de conséquences

Le 24 avril, l’administration Trump a ordonné la fermeture du MCC. Cette décision marque la fin brutale d’un pan entier de la coopération américano-africaine. Moins de trois semaines auparavant, l’agence lançait encore un appel d’offres pour des infrastructures énergétiques au Sénégal. Aujourd’hui, c’est la douche froide. Les projets sont suspendus, les financements coupés, et les perspectives incertaines. Dans une logique d’isolationnisme assumé, le gouvernement américain justifie cette décision par la volonté de rationaliser les dépenses publiques à l’international. Une orientation qui marque un virage stratégique, mais qui laisse les partenaires africains démunis.

Des projets à l’arrêt, des pays dans l’impasse

Au Sénégal, la Société nationale d’électricité doit désormais sécuriser ses chantiers en seulement trois mois, faute de quoi les travaux pourraient s’interrompre sans être finalisés. En Côte d’Ivoire, un sursis a été accordé pour terminer la construction de l’échangeur de Koumassi à Abidjan. Mais dans d’autres pays comme la Zambie, le Mozambique ou le Togo, la situation est plus floue. La modernisation des réseaux électriques ou la construction de routes risque d’être brutalement stoppée. Ces projets structurants, parfois engagés depuis plusieurs années, se retrouvent soudain privés du principal financeur, sans solution de repli immédiate.

Une arme d’influence abandonnée dans la rivalité sino-américaine

Au-delà des chantiers inachevés, la fermeture du MCC fragilise la position géopolitique des États-Unis sur le continent africain. En investissant dans des infrastructures essentielles, l’agence américaine concurrençait directement les ambitions chinoises. Pékin, devenu le premier partenaire commercial de l’Afrique, multiplie les investissements massifs dans les routes, chemins de fer et ports. Dans cette bataille d’influence, le retrait américain sonne comme une capitulation : Washington abandonne un outil de soft power qui lui permettait d’imposer ses standards de gouvernance et de promouvoir l’économie libérale dans des régions stratégiques.

L’Afrique face à un vide à combler

Pour les pays africains concernés, le départ du MCC représente une perte nette d’expertise, de financements et de partenaires techniques. Alors que les besoins en infrastructures restent criants, cette décision pousse les gouvernements à se tourner davantage vers d’autres bailleurs comme la Chine, l’Union européenne ou les institutions multilatérales. Mais cette redistribution des cartes pourrait également renforcer la dépendance à des modèles de développement moins exigeants sur le plan démocratique, comme celui de Pékin.

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