La Conel n’a pas tardé à réagir. Après les multiples fraudes et violences survenues dimanche au cours des élections législatives congolaises, elle prend ce mardi des mesures drastiques à l’encontre de candidats parmi les plus en vue de la classe politique. Un choc pour les Congolais. Et un message de changement.
De notre envoyée à Brazzaville
La Conel (Commission nationale d’organisation des élections) n’entend pas voir ses efforts pour assurer la transparence du processus électoral réduits à néant. Elle vient d’annoncer ce matin les sanctions prises à l’encontre des candidats responsables des fraudes et des actes de violence qui ont émaillé le scrutin de dimanche dernier. Des sanctions qui n’épargnent personne. Pas même les ténors de la vie politique congolaise.
Mathias Dzon, l’actuel ministre des Finances, est disqualifié à Gamboma pour des » faits graves « , qui ont conduit à la suspension du scrutin : faux et usage de faux, outrage, menaces de mort, et violences à l’encontre du sous-prefet, » qui n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention des forces de police « , précise le rapport. Maurice Nguesso, le frère aîné du président, et son concurrent Hyacinthe Ingani subissent le même sort à Talangai pour des motifs similaires et pour » détention, rétention ou destruction du matériel électoral. » Au total, treize candidats sont disqualifiés, dont douze à Brazzaville, dans les circonscriptions de Talangai, Ouenzé, Poto-Poto et Bacongo.
Pour trois autres candidats, dont certains proches du pouvoir, comme Solange Kamara, une mise en garde sévère est prononcée, les enjoignant de s’abstenir de troubler l’ordre public par leurs propos ou leurs actes. Par ailleurs, le scrutin est reporté à mercredi et jeudi dans six circonscriptions du pays.
Forces de l’ordre en alerte
Une décision qui fait l’effet d’une bombe dans la vie politique congolaise, qui a longtemps privilégié le placement et les récompenses pour services rendus à l’élection démocratique. La Conel adresse ainsi un message fort à l’ensemble de la population congolaise ; elle entend leur faire comprendre que les choses ont changé. Et assoit la crédibilité du processus démocratique engagé en janvier dernier.
On craint pourtant à Brazzaville que des nouveaux incidents et des actes de violence répondent à ces mesures draconiennes. Depuis quelques jours les forces de l’ordre sont en alerte et patrouillent dans certains quartiers de la capitale, notamment à Talangai. Et ce mardi on pouvait voir le chef d’état-major des armées au siège de la Conel, accompagné d’une vingtaine de militaires.