Femme nue, femme noire ! Mais femme libre par Calixthe Beyala


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Calixthe Beyala
Calixthe Beyala

Femme nue, femme noire, un livre érotique écrit par Calixthe Beyala ! Première nouvelle ! Pourquoi ? Simple prétexte pour évoquer encore une fois un thème cher à l’auteur camerounais. Des mots crus et du sexe pour dire l’éternel combat de la femme pour plus de liberté.

De prime abord, Femme nue, femme noire n’est rien d’autre qu’un livre érotique dont les mots et les situations ne cesseront de vous agresser voire même de vous choquer. A vous de lire entre les lignes ! Car le sexe n’est ici qu’un prétexte pour parler de liberté. Celle d’une femme, Irène Fofo, qui trouve dans une débauche de sexe une façon de conquérir sa liberté. Y arrivera-t-elle ? A vous de le découvrir. La dernière œuvre de Calixthe Beyala est quelque peu déroutante. Mais au final, vous vous apercevrez que l’auteur camerounais développe encore une fois l’un de ses thèmes privilégiés : l’émancipation de la femme.

Le sexe, seul atout de la femme ?

Femme nue, femme noire est aussi, en toile de fond, le portrait d’une Afrique corrompue qui semble se complaire dans ses échecs. Une Afrique qui renonce difficilement à ses « gris-gris » et qui ne « cadeautent (ndlr, offrir, faire des cadeaux – néologisme emprunté à Calixthe Beyala) » pas ceux qui veulent changer les choses. Le style est virulent. La marque de fabrique de l’écrivain est ici amplifiée par la prégnance du sexe dans le livre. Vous êtes pourtant prévenus ! Le narrateur annonce la couleur dés les premières pages du livre. « Que celui qui se sent mal à l’aise passe sa route… » Notez que vous aurez de bonnes raisons de passer votre route. Vous vous demandez souvent jusqu’où l’auteur osera vous emmener. Très loin, trop loin parfois ! Femme nue, femme noire, c’est l’histoire d’Irène Fofo, kleptomane. Outre le vol, seul le sexe lui procure un plaisir comparable.

A l’issue d’un larcin dont le butin n’est rien d’autre qu’un bébé mort – mauvais augure, elle se fait repérer par Ousmane qui l’engage « à être folle, à l’excès ». Car Irène sera décrétée folle parce qu’elle dérange dans un monde d’hommes « ça vous travaille, hein, bandes d’hypocrites ! Vous cachez vos femmes, derrière des voiles pour mieux les assujettir […] Ils me disent dingue afin de préserver leur suprématie, pour que ne ressuscitent plus jamais les femmes rebelles, mangeuses de sexe.» Le sexe est un pouvoir. Selon Irène, ses fesses sont capables de renverser « le gouvernement de n’importe quelle République ! ». Dans la maison d’Ousmane et de Fatou, Irène deviendra guérisseuse. « Forniquer » avec une folle aurait des pouvoirs thérapeutiques. Le sexe est également une arme. Celle qu’a choisie Fatou, l’épouse stérile d’Ousmane, pour garder son mari et se faire pardonner de ne pas pouvoir lui offrir de descendance.

Tout ça pour ça !

Un avilissement que Fatou accepte par amour. Le drame de Fatou stigmatise le tabou de l’infertilité en Afrique. L’amour est quant à lui le tabou d’Irène qui le fuit : « Que Dieu me préserve de cette hystérie collective qui rend idiote la plus intelligente des femmes. […] Je n’ai pas besoin d’un homme.», argumente-t-elle. Irène semble trouver dans le libertinage, sa liberté, voire même matière à satisfaction. Guérir avec son sexe, fabule-t-elle, est une mission qui lui paraît être à sa portée et elle ambitionne de guérir, à elle seule, « tous les mots dont souffre le continent noir – chômages, crises, guerres, misères – et auxquels malgré leur savoir, les grands spécialistes de l’économie et de la science n’ont pu trouver de solution.»

Pourtant la mission prendra fin, cette « route s’achève », dans les regrets, signe d’une grande défaite, d’une grande résignation et d’un grand renoncement. « Je ne mordrai plus dans la vie telle une affamée qui a sauté plusieurs repas. Je rentrerai dans le rang comme toutes les autres avant moi. Je te le promets maman… » Vous noterez, aficionados de Dame Beyala, qu’elle s’insurge contre la sujétion que les femmes perpétuent entre elles de génération en génération. Femme nue, femme noire fait la preuve, encore une fois, que l’œuvre de la Camerounaise reste marquée par une thématique : celle de femmes au combat. Pourtant, cette fois-ci, on aurait espéré que l’ordre établi soit bousculé jusqu’au bout.

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