La Coupe d’Afrique des Nations vient de s’achever sur une victoire égyptienne et un constat. Le genre féminin s’intéresse de plus en plus au jeu de la balle aux pieds, sans en connaître forcément les contours.
Le stade, le terrain, le ballon, le poteau, le but, le filet et le sifflet sont tous du genre masculin. Le sport, le football, l’arbitre, et les gradins aussi. Mais cela n’empêche pas ce jeu universel de prendre de plus en plus ses marques dans l’autre genre. Côté public, côté supporters, reporters, commentateurs(trices), et même pratiquant(e)s. La « Balle au pied » se féminise. Voilà pourquoi, sans nul doute, il y a match nul. Encore un masculin. C’est seulement en cas victoire ou de défaite, que le féminin réapparaît. Sur le terrain ou à la ville, les descendantes d’Eve n’hésitent plus à enfiler, à arborer sans complexe le masculin maillot de leurs équipes respectives, tel un drapeau national. De la même manière qu’elles ont mis la main sur les blue-jeans qui leur collent si bien à la peau.
Pour cette 26e édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football, elles étaient au courant des résultats de leurs équipes nationales. Même si elles ignorent les règles du jeu. Même si elles ignorent les noms et les postes des joueurs. Même si elles ignorent surtout les équipes adverses, les pays qu’elles représentent, et leurs emplacements géographiques sur notre mappemonde. Ces nouvelles fans du ballon rond en bafouillent parfois. A l’instar de cette Marocaine à qui on demande où se situe l’Algérie, elle sait. Où se situe la Libye ? Elle sait. La Tunisie, elle sait aussi. Pour tous ces pays du nord de l’Afrique, elle répond sans cesse, « C’est tout près du Maroc. » Et l’Egypte? Elle trébuche : » En Asie. » Peut-être pas de sa faute. La géopolitique voulait que les Pharaons soient classés dans le Proche-Orient comme Israël… Tandis que l’Egypte antique aurait été aussi noire-africaine.
La Guinée, le Bénin, le Niger, le Sénégal ? Elle ne connaît pas non plus. Mais quel autre pays sub-saharien connaît-elle ou sait-elle situer, cette Africaine ? Aucun, reconnaît-elle. Si, elle en cite un… L’Afrique du Sud. Même pas ce Ghana, où se joue la compétition. « C’est pas grave, si je ne connais pas tout, hein!? » lance-t-elle, montrant ce qu’elle porte sur la poitrine. Un pendentif représentant toute l’Afrique.
A la limite, elles s’en foutent, disent-elles de la question géographique. L’essentiel est l’Afrique qu’elles portent dans leur coeur, leur âme.
Ouvrage paru en 2005 : Papa Wemba et nous?
Par Firmin Luemba