
La justice camerounaise est au cœur d’une tempête médiatique et sociale depuis le verdict rendu le 1er avril 2025 à Douala. Éric Bekobo, reconnu coupable d’avoir tué sa femme, l’enseignante Diane Yangwo, a écopé de cinq ans de prison… avec sursis.
Une peine jugée insultante par de nombreux citoyens, militants et organisations de défense des droits des femmes. Ce scandale judiciaire révèle les profondes failles du système légal camerounais. Beaucoup le considèrent comme un complice tacite des violences conjugales.
Un drame public et une victime respectée
Le 18 novembre 2023, à Douala, Diane Yangwo, enseignante d’anglais au Lycée bilingue de Nylon, est violemment battue par son mari. L’autopsie révélera une hémorragie interne abdominale, cause de son décès. Son entourage, ses élèves et ses collègues la décrivent comme une femme engagée, bienveillante, et profondément investie dans sa communauté. La violence publique de l’agression a profondément choqué l’opinion. L’émotion a été renforcée par la rapidité avec laquelle l’affaire a été traitée.
Un verdict incompréhensible face à la gravité des faits
Éric Bekobo a été condamné à cinq ans de prison avec sursis et à une amende d’environ 80 euros. Pour l’opinion publique, cette peine a été vécue comme une gifle. De nombreuses voix, à la fois citoyennes et militantes, dénoncent une justice qui banalise la mort d’une femme sous les coups de son conjoint. Le recours au plaidoyer de culpabilité, utilisé par l’accusé, a joué un rôle central dans la légèreté de la peine. La loi camerounaise prévoit une réduction automatique de peine en cas de plaidoyer de culpabilité. Cette stratégie s’applique même aux crimes les plus graves
Un système juridique en accusation
Face à la colère grandissante, la magistrate Dame Medou et le code pénal camerounais sont pointés du doigt. Pour Me Assira Engoute, avocat au barreau, le verdict respecte certes la loi, mais révèle un vide éthique et social. Le sursis accordé transforme ainsi une condamnation judiciaire en simple menace hypothétique.
Une indignation nationale, une demande de réforme
Dans les rues, sur les réseaux sociaux, et au sein des organisations de défense des droits humains, le mot d’ordre est clair : le système doit changer. La colère suscitée par cette affaire dépasse le seul cas de Diane Yangwo. Elle réveille un débat de fond sur la place des femmes dans la société camerounaise et l’impunité qui entoure encore trop souvent les violences qu’elles subissent. De nombreux appels sont lancés pour une réforme du code pénal et l’adoption de lois spécifiques contre les féminicides, à l’instar de ce qui existe dans d’autres pays.