En un peu plus de sept mois après son arrivée au pouvoir, le président Félix Tshisekedi s’est engagé dans un vaste projet de déploiement de l’administration publique numérique en République démocratique du Congo à l’horizon 2025.
En attendant la composition de l’équipe gouvernementale qui sera, bien évidemment, chargée de piloter et de coordonner la mise en œuvre de cette ambitieuse réforme, les collaborateurs de Félix Tshisekedi n’ont pas perdu leur temps en raison de ce retard. Ils se sont immédiatement mis au travail pour échafauder un plan nation du numérique, que les ministres responsables de ce dossier trouveront sur leurs tables à dessin.
Le plan national du numérique s’inscrit dans la volonté du Président Tshisekedi de moderniser l’administration publique congolaise, en migrant progressivement vers le numérique, pour la rendre plus professionnelle et plus efficace et pour l’adapter aux exigences de la gouvernance moderne, dans un monde de plus en plus interdépendant. Tout cela dans le but d’assurer une plus grande transparence dans la gestion des affaires et des finances publiques, d’une part, et pour lutter efficacement contre la corruption, d’autre part.
Félix Tshisekedi veut que tous les fonctionnaires de l’État utilisent autant que possible les technologies de l’information et de communication pour informatiser la gestion des dossiers, afin d’éliminer les montagnes de paperasses qui encombrent les bureaux et avoir accès à de l’information en temps réel. Un défi de taille dans un contexte d’une administration où la plupart des fonctionnaires n’ont même pas un ordinateur sur leur bureau.
Toutefois, le virage numérique vise un triple objectif : améliorer l’efficacité et l’efficience de services publics et assurer des services de qualité à moindre coût. Ce virage numérique s’inscrit dans la volonté de Félix Tshisekedi de moderniser la gestion publique, de façon à garantir la transparence, à améliorer les processus de décision et à assurer une gestion rigoureuse des politiques publiques.
Mais la grande question reste bien évidemment de savoir si cela sera possible, compte tenu du fait que la plupart des ministères qui sont censés mettre en œuvre cette réforme seront dirigés par les ministres issus du Front commun pour le Congo (FCC) de l’ex-président Joseph Kabila, qui ne partage pas forcement la même façon de voir les choses et qui n’est peut-être pas dans le même état d’esprit que le président Tshisekedi, bien qu’ils soient dans une coalition.
Une chose est certaine, au-delà de la volonté de président Tshisekedi de prendre le virage numérique pour moderniser l’administration publique congolaise, la réalisation de cette ambitieuse réforme dépendra également de la volonté politique de ses partenaires du FCC.
Cela étant, le passage à l’ère numérique est une gigantesque mutation qui nécessite absolument que l’on tienne compte de tous les paramètres internes et externes qui peuvent compromettre le projet. En effet, le déploiement d’une telle transformation s’accompagne inévitablement de certaines inefficacités opérationnelles. Dans le cas d’espèce, le grand défi à relever pour assurer une mise en œuvre efficace de cette transition vers le gouvernement numérique est celui de la faiblesse de l’administration publique congolaise. D’où la nécessité de renforcer les capacités de gestion des hauts fonctionnaires de l’État chargés de la mise en œuvre de cette réforme.
Certes, une série de réformes administratives avaient été engagé dans les années antérieures pour améliorer l’efficacité de l’administration publique congolaise, mais à en juger par les résultats obtenus, notamment leur incapacité à répondre au besoin d’efficacité, d’efficience et d’économie, il y a lieu de se demander s’il n’y a pas des problèmes systémiques au sein de cette administration qu’il faille absolument identifier et corriger.
C’est pourquoi nous pensons que le passage au numérique exige au préalable que le gouvernement congolais engage une réforme globale de son administration publique, qui touche notamment la structure organisationnelle et les organes de gestion appropriés qui sont nécessaires à la mise en œuvre de l’action gouvernementale, pour accroître la qualité des services aux citoyens et favoriser une gestion axée sur les résultats.
Une réforme structurelle est donc nécessaire et devra notamment modifier les méthodes de travail et contribuer également à une culture organisationnelle qui soit propice à l’épanouissement professionnel, pour favoriser une saine gestion dans le secteur public. Le gouvernement congolais devra savoir tirer le meilleur parti de toutes les expertises, internes comme externes, y compris celles de la diaspora, qui s’offrent à lui pour impulser une nouvelle dynamique à son administration publique.