Fela le combattant, Fela le mystique


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Fela, le combattant
Fela, le combattant

Mabinuori Kayode Idowu raconte Fela de l’intérieur. Jusqu’à leur séparation en 1983. Ancien bras de droit de la star de l’afrobeat, l’auteur décrit le quotidien de Fela et apporte des éclairages inédits sur le contexte des chansons. On découvre de nombreuses facettes du personnage. A lire aux éditions Le Castor Astral.

Qui peut parler le mieux de Fela sinon son ancien bras droit ? Pourtant, Mabinuori Kayode Idowu, dirigeant des Young African Pionners, n’a pas eu la tâche facile. Si Fela est réduit à un excellent musicien et à l’homme aux 27 épouses par les médias, le chantre de l’afrobeat était une personnalité complexe. Pourfendeur de la corruption et fervent défenseur du panafricanisme, la star nigériane était un démocrate multirécidiviste. Plusieurs fois emprisonné par les militaires de son pays, qu’il accusait d’avoir détourné l’indépendance, Fela rêvait d’une Afrique libérée du néo-colonialisme. D’une Afrique assumant son africanité.

Avant de tomber dans le mysticisme à la fin de sa vie, il se moquait avec un bonheur égal des religions monothéistes. « Je vous demande à tous de vous mettre à l’abri de toute propagande qu’elle soit catholique, anglicane musulmane ou n’importe quelle secte, car elles nous polluent l’esprit », chante-t-il dans Suffering and smiling (Souffrir en souriant).

Black power

Le livre de Mabinuori Kayode Idowu (ID), Fela le combattant, s’ouvre et se termine sur Femi, le fils aîné. Comme pour fermer la parenthèse. Car l’ancien fan devenu le bras de droit de Fela ne se reconnaissait plus dans le combat de son idole. En radicalisant son discours sur l’africanisme, le fondateur de la République de Kalakuta a rassemblé autour de lui tous les progressistes qui, à l’instar des Jeunes pionniers africains, s’en éloigneront peu à peu quand il commencera à succomber au mysticisme. En ne reniant rien de ses discours précédents. Surtout de sa lutte pour la dignité.

Identités plurielles. L’auteur encense Fela mais n’omet pas de relever ses faiblesses humaines. Et ses errements politiques. Témoin privilégié, ID ne cache pas son amitié pour le « Black President » mais il a su garder de la distance en refusant l’obscurantisme, la sorcellerie. C’est ça l’amitié : tout se dire au risque de se faire mal.

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